Bonjour,
la question posée par Reineil me semble tellement intéressante que je ne résiste pas au plaisir d'un nouveau post pour poser 2 questions:
1)la qualité tactique du chef est elle directement corrélée au résultat de la bataille ?
2)le chef est il responsable de tout; c'est à dire que sa valeur tactique doit elle être diminuée des fautes des subalternes?
Revoyons ensemble Waterloo:
Schématiquement Napy envoie une colonne à la poursuite des Prussiens en retraite pendant que lui même va s'occuper de l'autre armée ennemie (schéma qui rappelle Arcole où Bony avait envoyé Vaubois contenir Davidovitch pendant que lui même s'occupait du gros de la troupe ennemie dirigée par Alvincy)
Sur le champ de bataille, il prévoit une feinte à gauche pour faire peur à Wellington en menaçant de supprimer son accès à la mer alors que son idée est de frapper à droite pour le séparer définitivement de Blücher et l'acculer sur la forêt de Soignes pour le détruire
S'il avait gagné je crois qu' on aurait vanté son génie tactique une fois encore ... oui mais:
-le problème Grouchy et ses 30 000hommes:
Grouchy tétanisé d'être loin de l'Empereur et de faire une conn... avec en plus sous ses ordres un Vandamme pas vraiment connu pour être quelqu'un de facile et Gérard pas très heureux de ne pas avoir encore reçu son baton de maréchal; en plus 30 000 hommes c'est un peu une demi mesure: beaucoup s'il faut simplement suivre mais peu s'il faut vraiment se frotter aux Prussiens même s'ils ont été chahutés à Ligny (au fait un corps isolé qui se retrouve face à un ennemi supérieur en nombre ça ne vous rappelle pas un Davout à Auerstadt ?). Alors à qui la faute de ces 30 000 hommes "gaspillés"
-l'attaque de d'Erlon sur l'aile droite:
elle devait consommer la séparation définitive entre Anglais et Prussiens, mais qui est responsable de sa formation rendant tout déploiement et toute défense impossible face à une attaque de cavalerie. Résultat l'attaque avorte puis voyant les Prussiens approcher Napy n'a plus d'autre solution que le choc frontal au centre
-la feinte à gauche se transforme pour les hommes de Jérome en un carnage inutile pour la possession des ruines d'Hougoumont; la faute à Napy ou à Jérome?
-La Haye Sainte:
Jusqu'à tard dans la journée elle n'a été attaquée que par de l'infanterie alors que la grande batterie ou la Garde aurait pu détacher quelques canons pour réduire cette pointe de résistance
-l'arrivée des Prussiens
en début d'après midi lorsqu'il les aperçoit, Napy peut encore se désengager pourtant au contraire il précipite son attaque sur le centre; alors faute tactique ou au contraire décision audacieuse prise dans l'urgence (et puis si Napy s'était désengagé quel effet cela aurait il eu sur le moral de l'armée ainsi qu'à Paris ?)
-la charge de cavalerie:
on a déja beaucoup débattu donc je n'y reviendrai pas
-l'heure du début de la bataille
reportée en fin de matinée officiellement à cause de l'artillerie... Commencer 2 heures plus tôt aurait pu avoir de très lourdes conséquences ...
Bref je refais Waterloo "à ma sauce": Davout n'est plus à Paris mais en campagne aux côtés de l'Empereur; confiant en ses compétences, Napy lui confie 30 000 hommes pour "s'occuper des Prussiens"
Le 18 juin dés 10H le canon tonne; les troupes de d'Erlon partent à l'attaque dans une formation plus conforme à ce qu'il s'était fait jusque là ... l'aile gauche anglaise est enfoncée, Davout qui ne s'est pas laissé abuser par Blücher et a gardé le contact apporte bientôt son soutien ou au moins interdit le champ de bataille aux Prussiens ... l'aile gauche qui jusque là n'avait joué qu'un rôle de diversion entre désormais en lice, soutenue par la cavalerie ...
Wellington est rejeté sur la forêt de Soignes et son armée est balayée
on vantera longtemps encore le génie tactique de l'Empereur qui a su une nouvelle fois battre isolément 2 armées ennemies largement supérieures en nombre ...
Alors Waterloo ne pourrait elle pas prétendre être la bataille la plus représentative du génie tactique de Napy
A vos commentaires
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