j'ai lu en son temps la défense de Grouchy par Montebelllo,mais n'ai pas partagé son avis.
Salut,
je vais reprendre mon rôle d'avocat de Grouchy, non pas que je sois un de ses fans, mais simplement parce que depuis je n'ai rien lu qui modifie mon sentiment
tout d'abord quelques considérations
- en 1815, Napy n'est plus le général Bonaparte infaillible et génial; tout au long de cette campagne il ne va cesser d'accumuler les "petites" fautes avec au final le désastre que nous connaissons
- Grouchy est un maréchal fraîchement nommé, qui n'est absolument pas reconnu par les autres généraux et n'est obéi que parce qu'il a été nommé par l'Empereur (on est loin d'un Ney reconnu par ses subordonnés à Eylau)
- pour essayer de me faire une opinion je me suis basé uniquement sur les rapports échangés entre Grouchy et le GQG
le 18 à 6h Grouchy envoie un rapport précisant qu'il va quitter Gembloux pour poursuivre les Prussiens sur Sart-lez-Wahlain, Corbais et Wavre
... message reçu vers 10-11h auquel Napy fait répondre Soult à 13h en écrivant: "ce mouvement est conforme aux dispositions de Sa Majesté, qui vous ont été communiquées". En effet dans le même message Soult ajoute: "cependant l'Empereur m'ordonne de vous dire que vous devez toujours manoeuvrer dans notre direction et chercher à vous rapprocher de l'armée"
quelques conclusions:
-dès qu'il reçoit le message de Grouchy, Napy ne peut plus ignorer que son maréchal est loin de lui et aucunement juste sur sa droite; sa réponse de 13h confirme qu'il assume de passer la journée du 18 sans les troupes de Grouchy puisqu'il lui confirme son mouvement sur Wavre
-la 2e partie du message est géographiquement incompatible puisque Grouchy ne peut être en même temps en route sur Wavre (vers le nord) et en liaison avec l'armée (vers l'ouest); de toutes façons ce message ne doit pas arriver chez Grouchy avant 16 à 17h et donc même si Soult n'avait écrit que la 2e partie cela n'aurait sevi à rien pour la journée du 18
quant à Grouchy, après le départ de son rapport il attend en vain de nouveaux ordres du GQG, estimant que s'il n'en reçoit pas, c'est que les anciens font toujours autorité ! Traînant à mener la poursuite, il se trouve à 11h à Sart-Lez-Walhain d'où il écrit un nouveau et long rapport au GQG. il explique penser se trouver le 18 au soir massé sur Wavre
estimant se retrouver ainsi entre Wellington qu'il présume en retraite devant Sa Majesté et Blücher et demande ses ordres pour la journée du 19
Après avoir envoyé ce courrier il part dîner avec le notaire de la ville. C'est au moment du dessert (vers 13h) que se situe l'épisode de Gérard; le colonel Lorière vient prévenir qu'il entend le canon au loin. Le notaire ainsi qu'un guide de Gérard estiment que la canonade doit venir des abords de la forêt de Soignes et qu'on pourrait y être en 4 ou 5 heures. Gérard plaide pour marcher immédiatement au canon, ce à quoi s'oppose Baltus disant que l'artillerie ne suivrait pas
Grouchy ne peut accepter le départ d'un seul corps (Gérard) qui se retrouverait en marche de flanc et du coup, répugnant à toute initiative refuse de changer de direction pour partir plein ouest
Décision malencontreuse, mais d'une part il n'avait reçu aucun ordre en ce sens (et ce n'est rien de dire que Napy était peu enclin à tolérer des initiatives de ce niveau) et d'autre part un changement de direction ne l'amènerait sur zone au mieux qu'à partir de 18h et encore certainement sans artillerie avec des troupes fatiguées ... et le risque d'avoir des Prussiens aux fesses
Dans ces conditions peut on vraiment faire d'énormes reproches à Grouchy ?
Comme je l'ai déjà écrit, je pense que Grouchy n'était pas à sa place comme commandant en chef d'une force autonome, et le principal reproche que je lui ferais est d'avoir trainaillé toute la matinée du 18 à attendre des ordres au lieu de continuer vivement sa mission de poursuite ... mais après tout Napy lui même a t'il fait mieux en ne faisant rien toute la journée du 17 ?
Qui plus est c'est encore Napy qui a nommé Grouchy à ce poste et là encore c'était de sa responsabilité de nommer le bon élément au bon endroit !
signé maître Montebello avocat de circonstance