Auteur Sujet: Bataille de Schleiz - 9 octobre 1806  (Lu 2696 fois)

Hors ligne lodi57

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Bataille de Schleiz - 9 octobre 1806
« le: 09 octobre 2008, 09:50:43 am »
AU MARÉCHAL SOULT.

 

Ebersdorf, 10 octobre 1806, 8 heures du matin.

 

Mon Cousin, nous avons culbuté hier les 8,000 hommes qui, de Hof, s’étaient retirés à Schleiz, où ils attendaient des renforts dans la nuit. Leur cavalerie a été écharpée ; un colonel a été pris ; plus de 2,000 fusils et casquettes ont été trouvés sur le champ de bataille. L’infanterie prus­sienne n’a pas tenu. On n’a ramassé que 2 ou 300 prisonniers, parce que c’était la nuit et qu’ils se sont éparpillés dans les bois ; je compte sur un bon nombre ce matin.

 

Voici ce qui me paraît le plus clair : il paraît que les Prussiens avaient le projet d’attaquer ; que leur gauche devait déboucher par Iéna, Saalfeld et Co­bourg ; que le prince de Hohenlohe avait son quar­tier général à Iéna et le prince Louis à Saalfeld ; l’autre colonne a débouché par Meiningen sur Fulde ; de sorte que je suis porté à penser que vous n’avez personne devant vous, peut‑être pas 10,000 hommes jusqu’à Dresde. Si vous pouvez leur écraser un corps, faites‑le. Voici du reste mes projets pour aujourd’hui : je ne puis marcher, j’ai   trop de choses en arrière ; je pousserai mon avant­- garde à Auma ; j’ai reconnu un bon champ de ba­taille en avant de Schleiz pour 80 ou 100,000 hom­mes. Je fais marcher le maréchal Ney à Tanna ; il      se trouvera à deux lieues de Schleiz ; vous‑même, de Plauen, n’êtes pas assez loin pour ne pas pouvoir dans vingt‑quatre heures y venir.

                                                 

Le 5, l’armée prussienne a encore fait un mou­vement sur la Thuringe, de sorte que je la crois arriérée d’un grand nombre de jours. Ma jonction avec ma gauche n’est pas encore faite, ou du moins par des postes de cavalerie qui ne signi­fient rien.

 

Le maréchal Lannes n’arrivera qu’aujourd’hui à Saalfeld, à moins que l’ennemi n’y soit en force considérable. Ainsi les journées du 10 et du 11       seront perdues. Si ma jonction est faite, je pousserai en avant jusqu’à Neustadt et Triptis ; après      cela, quelque chose que fasse l’ennemi, s’il m’attaque, je serai enchanté ; s’il se laisse attaquer, je ne le manquerai pas ; s’il file par Magdebourg, vous serez avant lui à Dresde. Je désire beaucoup  une bataille. S’il a voulu m’attaquer, c’est qu’il a une grande confiance dans ses forces ; il n’y a      point d’impossibilité alors qu’il ne m’attaque ; c’est ce qu’il peut me faire de plus agréable. Après cette bataille, je serai à Dresde ou à Berlin avant lui.

 

J’attends avec impatience ma Garde à cheval ; elle est aujourd’hui à Bamberg ; quarante pièces d’artillerie et 3,000 hommes de cavalerie comme   ceux‑là ne sont pas à dédaigner. Vous voyez actuellement mes projets pour aujourd’hui et demain ;     vous êtes maître de vous conduire comme vous l’entendrez ; mais procurez‑vous du pain, afin que, si vous venez me joindre, vous en ayez pour quel­ques jours.

 

Si vous trouvez à faire quelque chose contre l’ennemi, à une marche de vous, vous pouvez le faire hardiment. Établissez de petits postes de cava­lerie pour correspondre rapidement de Schleiz à Plauen.

 

Jusqu’à cette heure, il me semble que la cam­pagne commence sous les plus heureux auspices.

 

J’imagine que vous êtes à Plauen ; il est très-­convenable que vous vous en empariez. Faites­-moi donc connaître ce que vous avez devant vous. Rien de ce qui était à Hof ne s’est retiré sur Dresde.

 

NAPOLÉON.

 

Je reçois à l’instant votre dépêche du 9, à six heures du soir ; j’approuve les dispositions que vous avez faites. Les renseignements que vous me donnez, que 1,000 hommes de Plauen se sont retirés sur Gera, ne me laissent plus aucun doute que Gera ne soit le point de réunion de l’armée ennemie. Je doute qu’elle puisse s’y réunir avant que j’y sois. Au reste, dans la journée, je recevrai des renseignements et j’aurai des idées plus précises ; vous‑même à Plauen vous en aurez beau­coup. Les lettres interceptées à la poste vous en donneront. Dans cette incertitude ne fatiguez pas vos troupes.

 
“Jamais d’aultres armes nous prendront, que celles que nous élisons ; et nous disons pour réconfort, nous voulons la liberté ou la mort !”