Tiré d'un article d'un de mes soldats, paru dans notre bulletin.
Je me propose donc de vous raconter un peu son histoire, car la baïonnette est toujours avec nous en reconstitution, mais la connaissons nous vraiment ?
« On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus ». Cette formule de Talleyrand n’est pas seulement une boutade. Elle démontre l’importance de cette arme, apparue au XVIème siècle.
La baïonnette tire son nom de la ville de Bayonne (64). Pour les uns, elle a été inventée en 1523, lors du siège de cette ville ; selon les autres, elle a été d’abord fabriquée dans la manufacture de la citadelle de Bayonne (64). A l’origine, celle-ci vient se ficher dans le canon du fusil qui la porte, rendant alors le tir impossible et présentant de ce fait un désavantage certain. Elle peut, par ailleurs, tomber à terre en plein combat ou rester enfoncée, sans pouvoir être retirée, dans le corps d’un soldat ennemi.
Pour pallier ces problèmes, apparaît en 1688 la baïonnette à douille, s’enfilant autour du canon du fusil mais ne comportant pas encore un anneau de sûreté qui permettrait de mieux la maintenir. Elle n’en offre pas moins la possibilité de tirer sans qu’il soit nécessaire de l’enlever, mais elle gêne encore l’utilisateur lorsqu’il est amené à charger son arme par la bouche, d’autant qu’elle mesure près de 45 cm et qu’elle se trouve dans la ligne de projection du canon.
En France, la généralisation de cette arme intervient en 1703, à l’initiative de Vauban. Mais l’armée française ne s’intéresse qu’à une baïonnette fixe, ne pouvant être séparée du fusil. Au milieu du XVIIIème siècle, en Prusse, apparaît une baïonnette à douille dotée d’un anneau de sûreté et monté obliquement par rapport au canon de l’arme porteuse. C’est ce modèle classique et définitif qui se généralisera dans les armées. Seule la longueur varie au fil du temps, passant à près de 80 cm après 1750.
Jusqu’en 1763, le canon du fusil français affiche une longueur de 1,19 m, de sorte que la taille assez peu importante des hommes de ce temps là, rend son chargement difficile. Aussi l’on réduit la longueur du canon à 1,14 m et l’on rallonge la longueur de la baïonnette, portant la longueur totale de l’ensemble fusil – baïonnette à 1,95 m, ceux-ci afin de permettre aux fantassins de se défendre contre les sabres maniés par les cavaliers.
La baïonnette employée par les soldats du 1er Empire répond à des normes élaborées lors de la définition du système d’arme 1777. Beaucoup de soldats des armées de la révolution furent, eux, armées de la baïonnette Mle 1771. La Baïonnette du fusil Mle 1777 modifiée an IX à une longueur totale de 40,6 cm pour une longueur de lame de 38 cm et un poids de 330 g.
Nombre de chefs militaires voient dans la baïonnette l’arme de la décision par excellence, celle par qui l’élan offensif de la troupe peut le mieux s’exprimer. N’est-ce pas le prince Souvorov qui affirmait que « si la balle est folle, la baïonnette est sage ». Une charge à la baïonnette peut avoir un impact moral considérable et emporter une ligne ennemie, ne serait-ce que par l’effroi ou la répugnance qu’éprouve l’être humain à l’égard du combat à l’arme blanche. Napoléon disait lui-même que le fusil Mle 1777 n’était que la hampe qui tenait la baïonnette, c’est dire que bien souvent, c’est cette arme là qui déterminait les victoires napoléoniennes.
De nos jours et dans toutes les armées du monde, malgré la technologie la plus moderne au service du fantassin, la baïonnette fait toujours partie de l’unité collective de son fusil d’assaut.
Volontaire Alain