S'il est question d'un fossé,
alors sans doute faîtes vous allusion à la prise de la redoute dite "aux trous de loups"....
Cependant si cet événement est bien relaté par Decaen, il n'y participa pas et il survint quelques heures après son débarquement à 16 dont je parle plus haut....
Toutefois lors de la prise de la redoute "aux trous de loups", les assaillants, a court de munitions, dans le fossé longeant le parapet de la redoute ennemie, ramassèrent de pleines poignées de gravier et les jetèrent en hurlant : " Nous n'avons plus de cartouches ! Eh bien ! Jetons leur de la mitraille ! "...
Je pense que la redoute "aux trous de loups" se situe dans les terres parce qu'elle ne figure pas sur le relevé du chef de brigade du génie Boisgérard, daté du 8 juin 1796, qui désigne tous les retranchements au niveau du passage. Le commandant Legrand, membre du cabinet d'historiographie aux armées et témoin oculaire, envoyé à l'armée de Rhin-et-Moselle pour en relater les campagnes, à rédiger en 1797 d'après ces notes prises sur le vif :
"Le premier débarquement s'effectua par l'adjudant général Decaen, qui, avec 16 hommes, passa sous le feu d'une batterie à mitraille, entra dans le fossé de cette batterie qu'il trouva rempli de pierres dont il se servit pour assaillir l'ennemi qui prit l'épouvante, abandonna son poste ainsi que trois pièces de canon. Cette action hardie décida du succès du passage". A noter que dans son rapport au Directoire, le général Moreau n'entre pas dans ces précisions : "Un des plus remarquables est la manière dont a été enlevé la première redoute de la plaine. Les soldats, après avoir sauté dans le fossé avant de l'escalader, ont inondé ceux qui le défendait d'une grêle de pierres ; cette arme nouvelle leur a fait perdre la tête et mettre bas les armes dès qu'ils ont vu les Français sur le parapet et forçant la gorge". On retrouve cette action également dans la biographie de Decaen, écrite par Gautier, qui n'est pas un historien mais un littérateur, en 1850, et qui ne cite pas ses sources : "Il traverse le fleuve dans une frêle embarcation, sous la mitraille que vomit l'artillerie des ennemis. Il atteint, lui seizième, le rivage allemand, se précipite sur les canonniers autrichiens, les met en fuite et s'empare de leur pièces..." Du coup, et comme souvent avec les rapports et les témoignages
, difficile de dire de quelle redoute il s'agit. Legrand a-t-il vraiment suivit l'action? Moreau a-t-il vu ou rapporte-t-il les faits d'après d'autres témoins? Les mémoires de Decaen, rédigées en grande partie en 1824 sont-ils exempt d'erreurs de lieux et de temps
? Quant à Gautier, vu qu'il ne cite pas ses sources et que sa bio ressemble plus à un travail d'écrivain qu'à un travail d'historien
...
Tout cela pour dire que je considère que la réponse est bonne
.