Voila ce dont je dispose comme relation de l'événement par Rapp, lui-même; sauf autres sources difficile de répondre, sauf si un témoignage illustre votre question.
".....Nous arrivâmes à Austerlitz. Les Russes avaient des forces supérieures aux nôtres; ils avaient replié nos avant-gardes et nous croyaient déjà vaincus.
L'action s'engagea; mais, au lieu de ces succès faciles que leur garde seule devait obtenir, ils trouvèrent partout une résistance opiniâtre. Il était déjà une heure, et la bataille était loin de se décider pour eux. Ils résolurent de tenter au centre un dernier effort. La garde impériale se déploya; infanterie, cavalerie, artillerie, marchèrent sur le pont sans que Napoléon aperçût ce mouvement, que lui dérobaient les accidents du terrain. Un feu de mousqueterie se fit bientôt entendre, c'était une brigade commandée par le général Schinner que les Russes enfonçaient.
Napoléon m'ordonna de prendre les Mamelouks, deux escadrons de chasseurs, un de grenadiers de la garde, et de me porter en avant pour reconnaître l'état des choses. Je partis au galop, et je n'étais pas à une portée de canon que j'aperçus le désastre. La cavalerie était au milieu de nos carrés, et sabrait nos soldats. Un peu en arrière nous discernions les masses à pied et à cheval qui formaient la réserve. L'ennemi lâcha prise et accourut à ma rencontre. Quatre pièces d'artillerie arrivèrent au galop et se mirent en batterie. Je m'avançai en bon ordre; j'avais à ma gauche le brave colonel Morland, et le général Dallemagne à ma droite. "Voyez-vous, dis-je à ma troupe, nos frères, nos amis qu'on foule aux pieds: vengeons-les, vengeons nos drapeaux !".
Nous nous précipitâmes sur l'artillerie, qui fut enlevée. La cavalerie nous attendit de pied ferme et fut culbutée du même choc; elle s'enfuit en désordre, passant, ainsi que nous, sur le corps de nos carrés enfoncés. Les soldats qui n'étaient pas blessés se rallièrent. Un escadron de grenadiers à cheval vint me renforcer, je fus à même de recevoir les réserves qui arrivaient au secours de la garde russe. Nous recommençâmes. La charge fut terrible; l'infanterie n'osait hasarder son feu; tout était pêle-mêle; nous combattions corps à corps. Enfin l'intrépidité de nos troupes triomphe de tous les obstacles; les Russes fuient et se débandent......."