« Samedi 28 juin 1813, 4 heures du matin.
L’avant-garde de votre armée est arrivée hier dans la soirée à environ 8 kilomètres des points de franchissements sur le fleuve.
Les patrouilles cosaques sont rentrées dans la nuit ; elles ont localisé les deux ponts, dont un est en pierre et l’autre en bois ; elles indiquaient toutes que l’espace jusqu’au fleuve était libre d’ennemi, que la ville de X n’était pas occupée ainsi qu’une ferme isolée (la ferme de Z) située entre le bois de Y et le fleuve. En poussant leur reconnaissance au-delà du fleuve sur les ponts, encore intacts, elles se sont heurtées à des parties de cavalerie française. Néanmoins, un demi pulk de bashkirs a pu apercevoir des masses d’infanterie et de cavalerie en position à environ deux kilomètres des ponts. Le capitaine Vassili qui les accompagnait à évalué leur nombre à environ 18 000 hommes et 25 canons. Ces patrouilles n’ont pas trouvé de points de passage guéables.
Ce corps ennemi pourrait être une arrière-garde. En ce cas, sa mission serait de retarder notre franchissement le plus longtemps possible. Mais ce pourrait aussi être un corps d’avant avec mission de s’emparer des ponts et de couvrir ceux-ci dans l’attente du gros de leur force. J’exclus que ce soit un corps de couverture destiné à masquer une manœuvre de débordement, nos ailes étant protégées par le fleuve non guéable et franchissable uniquement sur les ponts ainsi que le massif montagneux A.
Mon impression est que quelque soit la mission, offensive ou défensive, de ce corps, la forte présence de cavalerie, peu en usage chez les Français, indique que leurs intentions sont de franchir rapidement et de s’établir sur une ligne entre la ville de X et la ferme de Z, deux points fortifiables sur lequel une ligne de défense efficace peut s’établir ainsi que le bois qui fait le lien entre ces deux points.
Par conséquent, et conformément aux ordres de votre altesse, j’ai pris mes disposition pour exécuter la mission que vous m’avez confié. Comme vous sentez combien la vitesse d’exécution est importante, je débuterai mon mouvement à la pointe du jour.
Je suis avec respect votre humble serviteur et je prie que Dieu vous ait en sa Sainte garde.
Général-Lieutenant Prince Petr Ivanovich Bagration »