Auteur Sujet: 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.  (Lu 7955 fois)

Hors ligne during

  • Officier d'HistWar : Grognard de la Vieille Garde
  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2849
2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« le: 22 septembre 2009, 17:57:38 pm »
bonjour.

cela se passa le 18 Juin 1815 vers 21h30 prés de la Haie Sainte,non loin de " Mont Saint Jean "
( Waterloo pour les Anglais )
après plus de 09h00 de combat L'armée Impériale Française est en fuite,seule la garde combat
encore,voici un exemple de la valeur de ces hommes de la garde Napoléonienne !
je vais vous relater une tragédie ou des hommes iront jusqu'au bout de leur serment;
avec valeur et discipline.

pour permettre à ses hommes de reculer et peut-être de les rallier,l'Empereur à fait établir à
une centaine de mètres en dessous de la haie Sainte quatre bataillon de la garde !
le 2éme bataillon du 3éme régiment de Grenadiers est un peu plus à gauche des autres,
légèrement à l'écart,planté au milieu de cette plaine en pente,il semble être une proie désignée
idéale pour cette meute Anglaise qui se lance sur les débris de l'armée Impériale et ces 550
hommes vont devenir les cibles de plusieurs batteries légères Anglaises !
sous le feu et la mitraille le carré rétrécit et ce n'est déjà plus que prés de 400 hommes qui en
composent les cotés !
derrière ces batteries se tiennent en ligne prêt à charger,les cavaliers Anglais,c'est en effet pour
eux une proie facile,ces fantassins Français formés en carré et victimes de l'artillerie qui
tire à mitraille,le moment venu,la cavalerie charge,sabre en avant, sur de sa victoire !
une salve part et ce sont pres de 200 cavaliers qui mordent la poussière,ce qui forment un
parapet pour les grenadiers,les cavaliers ennemis se reforment et s'apprêtent de nouveau à
charger pour briser ce carré qui lui tient tète avec vigueur,plus que 100 pas et.........................
c'est de nouveau une salve qui terrasse les Anglais,les hommes et les chevaux écrasent les
précédents cavaliers tombés.
dans le bataillon du 1er Chasseur,le général Cambronne,voit les grenadiers chanceler et tente
de leur porter secours,mais lui-même est soumis à rudes combat et ne peut percer.
dans la nuit qui s'annonce,les officiers Anglais somme les Français de se rendre,mais un brutal
" m.....e " répond à la proposition,au même moment le général Cambronne tombe ( il niera
toujours avoir prononcé ce mot ! ) laissé pour mort ses hommes reculent en combattant.
le 2éme bataillon du 3éme Grenadier lui est toujours au même endroit tel une forteresse
miniature, le carré se rétrécit sous le feu de la mitraille et les cavaliers Anglais s'énervent sur
ce dérisoire rempart qui leur tient tête et dont les hommes refusent de s'avouer battu !
ils s'apprêtent à charger pour la troisième fois,mais prennent la précaution de faire mitrailler encore
et cette fois sur trois flancs le bataillon français !
c'est le moment que choisit le Commandant Belcourt pour annoncer qu'après la charge,le bataillon
retraitera en combattant !
ce sont prés de 1200 cavaliers Anglais et Prussiens qui vont charger 400 hommes,sur de leur
supériorité.
mais une fois la charge passée,le carré est toujours debout,à l'intérieur de celui-ci quelques
cavaliers qui ont franchit les lignes achèvent les blessés français qui y étaient regroupés,ils sont
vite à leur tour abattus.
et la garde retraite,mais plus en carré,les hommes ne sont plus assez nombreux,alors ils formeront
un triangle,le coté le plus large faisant face à l'adversaire,les blessés entravent la marche,les cavaliers
derrière tels des chacals suivant un animal blessés.
A ce moment la,l’on aurait pu s’attendre à un élan de respect des Anglais et Brunswickois,voir même
suite à cette héroïque défense un peu de compassion,mais non !
Ces hommes si brave refusant de se rendre,n’auront pas le droit de reculer sans combattre,ils mourront
ou déposerons les armes !
Alors……………………………………………………………………………………………………………
lorsque dans la nuit les grenadiers et leur commandant entendent les trompettes et les "hourras ",
ils ont compris...............................ils vont mourir,mais le feront payer chèrement à l'adversaire !
l'ordre est donné de tirer en même temps que la baïonnette pénétrera les poitrails
des chevaux ou des hommes,les premiers cavaliers à se présenter sont ceux de brunswick,
surnommé les " cavaliers noirs ",armés de lances,ils déchireront les premiers rangs,permettant
aux autres cavaliers de sabrer ensuite le hommes encore debout !
la mêlée est furieuse,le mur éclate,cris de douleur de rage et de désespoirs couvrent les " vive
l'Empereur ",la charge passée,le carré n'est plus,tout autour gisent les victimes de cette charge
ou la encore les cavaliers ont payés cher leur audace,mais maintenant ce n'est plus que des
groupes de 10 à 15 " grognards" qui forment par-ci par la des îlots de résistance,ces hommes
refusent de se rendre et préfèrent mourir en combattant !
la tuerie aura lieu jusqu'au bout,elle ne cessera que lorsque les hommes manquant de munitions
ne pourront plus tenir à distance les cavaliers et qu'ils succomberont sous le nombre………………
foulés par les sabots des chevaux.
honneur aux braves.

salutations.

Hors ligne Hoplite42

  • Officier HistWar
  • Major
  • ***
  • Messages: 479
  • 1re Brigade de Cavalerie Légère
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #1 le: 22 septembre 2009, 18:06:29 pm »
Quelle démonstration de courage et d'honneur...  :D
                                                     

Hors ligne Bruguière

  • Officier HistWar
  • Modérateurs
  • Chef d'Etat-Major
  • ******
  • Messages: 3863
  • Fais ton Devoir
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #2 le: 22 septembre 2009, 18:49:32 pm »
Honneurs leurs soient rendus !!!!! ;)

Hors ligne Sire.Gauvain

  • Caporal
  • Messages: 12
    • Alpes Civil War
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #3 le: 22 septembre 2009, 19:04:17 pm »
Aucun survivant ?! Bigre la France peut être fier de ses aïeux.
Vibrez les champs de bataille à taille réelle et à l'enjeu incertain :
http://alpescivilwar.free.fr

Hors ligne porret de morvan

  • Capitaine
  • **
  • Messages: 128
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #4 le: 25 septembre 2009, 20:58:54 pm »
c'est comme cela que je conçois la valeur de la Garde,on ne se rend pas,...jusqu'a la mort.

voila le chemin a suivre dans pareil cas.

honneur aux braves,a la Garde.
vive l'Empereur.

Hors ligne Darsh

  • Chevalier HistWar
  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 1795
  • 1re Division de Cavalerie
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #5 le: 25 septembre 2009, 21:14:54 pm »
La Mort ou la Gloire!,
Il n'y a pas d'alternative pour l'élite de l'élite, les vétérans de multiples campagnes qui ont affrontés la mort sous toutes ses facettes.

Hors ligne La bleusaille

  • Capitaine
  • **
  • Messages: 119
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #6 le: 26 septembre 2009, 13:28:07 pm »
De quoi donner des complexes aux samouraïs, non ?  :mrgreen:
Dans la guerre, rien ne s'obtient que par le calcul : tout ce qui n'est pas profondément médité dans les détails ne produit aucun résultat.

Hors ligne Hoplite42

  • Officier HistWar
  • Major
  • ***
  • Messages: 479
  • 1re Brigade de Cavalerie Légère
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #7 le: 26 septembre 2009, 13:33:05 pm »
Certainement... ^^    :mrgreen:
                                                     

Hors ligne Coignet

  • Capitaine
  • **
  • Messages: 151
  • La Garde Impériale
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #8 le: 26 septembre 2009, 14:03:13 pm »
oui pour la France souvent pour l Empereur toujour :mrgreen:
Vive l' Empereur Vive la Garde

Hors ligne Pariente

  • Officier HistWar
  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 1045
  • Ἐργάζομαι καλοκάγαθικῶς. J'agis avec probité.
    • La Division Infernale !
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #9 le: 26 septembre 2009, 14:04:53 pm »
Une histoire magnifique.

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais quand je lis de tels exploits, j'ai des frissons qui me parcourent les avant-bras. ;)

Ils avaient la conviction de trouver la mort avant l'aube, je suffoque d'admiration.

Hors ligne Belliard

  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 3394
  • Semper heroicus
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #10 le: 26 septembre 2009, 14:11:56 pm »
Respect, et émotion, Vous avez raison Major....

Et l'on peut mesurer ici le Fameux  Fair-Play Britanique.... :evil:

Exemple pour tous les Grognards il nous montre ce que dévouement veux dire, c'est magnifique...

Merci à vous Général During... ;)

Vive l'Empereur....
« Modifié: 26 septembre 2009, 14:15:39 pm par Belliard »
   

Hors ligne during

  • Officier d'HistWar : Grognard de la Vieille Garde
  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2849
Re : Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #11 le: 27 septembre 2009, 22:11:13 pm »
bonsoir.

Honneurs leurs soient rendus !!!!! ;)
c'est comme cela que je conçois la valeur de la Garde,on ne se rend pas,...jusqu'a la mort.

voila le chemin a suivre dans pareil cas.

honneur aux braves,a la Garde.
vive l'Empereur.
La Mort ou la Gloire!,
Il n'y a pas d'alternative pour l'élite de l'élite, les vétérans de multiples campagnes qui ont affrontés la mort sous toutes ses facettes.
De quoi donner des complexes aux samouraïs, non ?  :mrgreen:

oui pour la France souvent pour l Empereur toujour :mrgreen:
Une histoire magnifique.

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais quand je lis de tels exploits, j'ai des frissons qui me parcourent les avant-bras. ;)

Ils avaient la conviction de trouver la mort avant l'aube, je suffoque d'admiration.
Respect, et émotion, Vous avez raison Major....

Et l'on peut mesurer ici le Fameux  Fair-Play Britanique.... :evil:

Exemple pour tous les Grognards il nous montre ce que dévouement veux dire, c'est magnifique...

Merci à vous Général During... ;)

Vive l'Empereur....
Quelle démonstration de courage et d'honneur...  :D

oui messieurs bel acte de bravoure,d'honneur,de respect à la parole donnée  ;)
pourtant et heureusement  ;) le Major Belcourt réussit à rejoindre " belle Alliance " et à se regrouper avec des grenadiers de la " Vieile Garde " ainsi que quelques survivants de son bataillon ( trés peu en fait ) ce qui rend encore plus fort leur abnégation du combat,car ils auraient pu accepter de se rendre  :roll:
mais que nenni   :twisted: ils retraitérent encore en combattant  :twisted:  :twisted:
à un contre dix  :roll:...........................................sans commentaires  :o
la garde meurt mais ne se rend pas  ;)
honneur aux braves de cette trempe  ;)
à savoir que le troisiéme " grenadier "au cours de cette campagne ( ligny compris ) aurait subit 85% de pertes  :roll:

honneur et respect.

salutations grognards
« Modifié: 27 septembre 2009, 22:29:40 pm par during »

Hors ligne porret de morvan

  • Capitaine
  • **
  • Messages: 128
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #12 le: 30 septembre 2009, 20:02:45 pm »
c'est exactement comme cela que je conçois l'état de soldats dans l'élite,ne pas se rendre,quel que soient les conditions,moi,...j'irais jusqu'a la mort,dans pareil cas,aussi,je les comprend,c'est une question d'honneur vis a vis de soi meme,de son rang,de sa valeur interieure...
c'est pourquoi,il ne fallait pas s'attendre a ce qu'ils se rendent,le contraire les auraient déshonnorés vis a vis d'eux meme.
« Modifié: 01 octobre 2009, 19:16:38 pm par porret de morvan »

Hors ligne porret de morvan

  • Capitaine
  • **
  • Messages: 128
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #13 le: 30 septembre 2009, 21:11:39 pm »
je vous donne un lien deja mis sur ce forum,sur des histoires et qualités de la Vieille Garde...

http://www.histwar.com/forum/index.php/topic,3011.0.html

edit:
c'est dans doctrines et organisations. ;)
« Modifié: 06 octobre 2009, 21:40:40 pm par porret de morvan »

Hors ligne during

  • Officier d'HistWar : Grognard de la Vieille Garde
  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2849
Re : 2éme bataillon du 3éme grenadier de la garde Impériale.
« Réponse #14 le: 18 octobre 2009, 19:58:23 pm »
bonjour.

voici une relation des derniéres heures du combat par le colonel Duuring, copié sur un blog dont je vous laisse le lien plus bas.

Le témoignage qui suit est extrait d’un article paru dans le « Carnet de la Sabretache » en 1910, sous le titre de « L’infanterie de la Garde à Waterloo ». L’auteur était alors chef de bataillon au 1er  régiment des chasseurs de la Garde. 

C.B. 

Juin 1815, le 16.- Le 1er régiment a traversé Fleurus dans l’après-midi, je ne me rappelle plus à quelle heure. Toute la division, ainsi que celle des grenadiers, prirent position à droite et un peu en arrière. Les régiments reçurent l’ordre de partir  alternativement, excepté le 1er régiment de chasseurs, le 1er et le 2ème de grenadiers, qui restèrent auprès de l’Empereur. Ces trois régiments reçurent l’ordre de suivre l’Empereur, qui se porta vers la droite, une heure avant la brune. Nous marchâmes en colonne par division sous les boulets, qui nous blessèrent deux hommes. Ensuite, les trois régiments traversèrent le village après la grosse cavalerie ; en débouchant, nous nous mîmes en bataille à droite du village, et ensuite nous formâmes les carrés par bataillon. Les grenadiers prirent plus à gauche et en avant ; notre cavalerie fut ramenée, et les grenadiers soutinrent plusieurs charges contre la cavalerie de l’ennemi, qui ont éprouvé une perte assez considérable, car ils ont cru qu’ils étaient de la Garde nationale avec leurs chapeaux [Une partie des soldats de la Vieille Garde n’avaient pas reçu de bonnet à poil].

Les boulets de nos batteries qui étaient sur la hauteur de l’autre côté du village, passèrent à chaque instant le long du 1er bataillon sans nous faire aucun mal, mais à notre grosse cavalerie ; quelques tirailleurs de l’ennemi nous tirèrent également, sans qu’on perdît un homme. Nous bivouaquâmes dans cette position la nuit, en carrés, sans feu ; nous entendîmes une attaque après minuit, nous prîmes les armes, mais rien n’est venu à nous.   

Le 17.- Le régiment se mit en route après midi. La Vieille et la Jeune Garde se rassemblèrent successivement ; on fit une halte à droite de la route, où je fus détaché avec mon bataillon pour rejoindre l’Empereur, qui fut en avant. Le général Friant me trouva en chemin, et me donna contrordre de rentrer dans la colonne. Toute la colonne se mot en mouvement. On entendait au loin la canonnade. Le soir, je fus de nouveau détaché pour rejoindre l’Empereur, à la ferme [Celle du Caillou], à peu près à un bon quart de lieue de la ligne de bataille du lendemain. Le bataillon bivouaqua dans le jardin, sans feu ; il fit un temps affreux.

Le  18.- L’Empereur me donna l’ordre environ à sept heures du matin, de rester avec mon bataillon à la ferme pour garder son quartier-général, trésor, etc. Plusieurs régiments d’infanterie, cavalerie, passèrent successivement du côté de la ligne de bataille, ainsi que  la Vieille Garde ; au passage du 2ème  bataillon, j’ai remis l’aigle au général Cambronne. La canonnade s’engagea de part et d’autre. Le bataillon que je commandais resta à la ferme.  A peu près deux ou trois heures dans l’après-midi, je fus instruit que plusieurs soldats se débandaient, même sans armes ; cette fuite venait principalement de notre droite. Je fis prendre les armes au bataillon, détachai une compagnie à droite et une à gauche, en gardant deux au centre.

Je montai à cheval avec la gendarmerie au quartier-général, fis arrêter les fuyards, les rassembler et conduire au centre de l’armée. Cette fuite cessa une heure après, et tout fut très tranquille ; nous vîmes arriver plusieurs officiers de la cavalerie anglaise comme prisonniers. Une heure plus tard, plusieurs caissons et des pièces arrivèrent du champ de bataille, disant qu’il n’y avait plus de munitions ; à la vérité, j’en ai trouvé de vides, mais d’autres en avaient encore.

Je fis parquer tout cela à droite et à gauche de la route derrière la ferme, et priai l’écuyer de l’Empereur de faire atteler le Trésor. 

Environ à cinq ou six heures du soir, je fus instruit par un poste de ma droite, qu’on voyait deux colonnes qui débouchant du bois, que je suis allé reconnaître. Aussitôt de mon arrivée, je fus à même de me convaincre qu’elles étaient de l’ennemi ; chacune peut avoir eu huit cents hommes ; mais la queue étant dans le bois, il était très difficile d’évaluer leurs forces. J’ai pris mes dispositions pour recevoir cette attaque, fis mettre deux pièces en batterie chargées à mitraille et couvrir par un  détachement d’un officier et cinquante hommes, de manière qu’on pouvait difficilement les apercevoir, je donnai l’ordre de ne point tirer avant que j’y fusse. Mon adjudant-major vient m’instruire que beaucoup de soldats arrivent de nouveau, qui se débandèrent ; j’ai fait mettre mes deux compagnies que j’avais conservées au centre, les baïonnettes croisées, sur la route et à côté, avec ordre de ne laisser passer qui que ce soit, hormis les blessés. J’ai trouvé parmi ce nombre, plusieurs officiers, entre autres un chef de bataillon, que j’ai forcé de prendre le commandement d’un bataillon que j’avais rassemblé, avec menaces de faire feu sur lui s’il n’obéissait pas à l’instant même ; j’ai trouvé un maréchal de camp dont j’ignore le nom ou ce qu’il voulait, que j’ai prié de conduire une autre colonne. L’officier que j’avais détaché pour couvrir les deux pièces, me fit rendre compte que l’officier d’artillerie avait jugé à propos de s’en aller avec ses pièces, en disant qu’il n’avait point d’ordre à recevoir de moi, et que l’ennemi s’approchait. J’ai prié alors même es officiers supérieurs de l’artillerie, de faire mettre d’autres pièces en batterie, mais rien ne s’effectua.

Me voyant sur le point d’être attaqué sans le soutien de personne et d’une façon bien supérieure à la mienne, je me décidai à former un bataillon d’environ deux cents hommes des différents régiments que j’avais fait rassembler, auquel je fis prendre position à ma droite en potence et un peu en arrière pour qu’on ne me dépassât pas, fis filer le Trésor et les équipages, et ensuite les pièces sans donner un homme d’escorte, pour repousser une attaque qui pouvait être très nuisible à l’armée, si la route derrière elle se trouvait coupée. Je fis rassembler mon bataillon adossé à la ferme, détacher cent hommes en tirailleurs dans le bois et cent autres en réserve, au même moment que le général (le prévôt général de l’armée) fit attaquer le bataillon d’infanterie au pas de charge, qui se déployait à demi-portée, et entrât également dans le bois. Cette combinaison eut un heureux résultat ; nous éprouvâmes peu de pertes, et les Prussiens furent repoussés.

J’avais en même temps envoyé mon adjudant-major pour en donner connaissance à l’Empereur, qui m’a fait dire d’avoir bien fait et de tenir la position. Peu de temps après, nous vîmes arriver une déroute complète qu’on ne pouvait pas arrêter, infanterie, cavalerie, artillerie, toutes étant mêlées. Alors, crainte d’être chargé par la cavalerie ennemie, et pour pouvoir faire un mouvement en cas de besoin, je fis rassembler le bataillon en colonne par division à distance de pelotons : officiers et soldats de tous les régiments voulaient se mettre dans nos rangs, mais je ne recevais personne, car il eût été impossible de conserver l’ordre.

 Par la suite, j’ai donné l’ordre de placer dans les rangs les hommes de  la Vieille Garde, de manière à ce que à la fin mes divisions furent d’environ 300 hommes chacune. 

Dans ce triste désordre, et au moment où l’on tiraillait sur notre arrière (ce qui fut fait à la brune), nous vîmes arriver l’Empereur accompagné de quelques chasseurs à cheval et de quelques généraux, en outre les comtes Drouot et Lobau. Sa Majesté vint à moi, me demanda ce que j’avais fait, ma force et ma position. Je répondis d’après le détail que j’en ai fait. Elle me donna en personne l’ordre de serer en masse et de le suivre en disant : « Je compte sur vous. ». Je mis le bataillon en route, il marcha dans le blé qui était d’une hauteur au-dessus de la tête des hommes. Au bout d’une heure de chemin, nous rencontrâmes plusieurs généraux de la Garde qui faisaient le rassemblement de  la Garde. Me trouvant alors parmi les autres corps, plusieurs ravins très difficiles à passer occasionnèrent la perte de beaucoup de mes hommes.


La nuit s’avança, je continuai à marcher suivant la direction dans laquelle je crus que l’Empereur s’était dirigé. A la fin, n’ayant point de guides, je m’apercevais que ma direction d’éloignait trop de la grande route ; je fis appuyer de ce côté, rencontrai quelques détachements de la Garde, en outre l’aigle des grenadiers que je fis rester avec moi ; mais bientôt, je fus de nouveau forcé de m’éloigner de la route, car l’endroit où je voulais l’approcher se trouva derrière l’avant-garde de l’ennemi. Dans la direction que j’avais indiquée, nous fîmes la découverte d’une maison où il y avait du monde ; j’engageai moi-même et avec beaucoup de douceur les gens de nous conduire par un chemin sûr dans la direction de Fleurus, que nous découvrîmes à la pointe du jour, que je fis tourner avec les précautions nécessaires.

Nous vîmes  à gauche de la route, près de la ville, les pièces de prises sur l’ennemi dans la journée du 16. Entre cinq et six heures du matin, nous approchâmes de Charleroi où les paysans nous conseillèrent de ne pas approcher la ville disant qu’elle était déjà occupée par l’ennemi. Ils m’indiquèrent de passer la rivière plus à gauche dans la direction de Philippeville. Je continuai la route de Charleroi que j’ai traversée avec environ 300 hommes dont quelques grenadiers ainsi que l’aigle. Nous trouvâmes toutes  les rues encombrées, et à notre gauche, sur une petite place, nous vîmes plusieurs pièces de l’ennemi prises dans la journée du 16.


Signé : DUURING.                   


Publié dans TEMOIGNAGES par Christophe

http://lestafette.unblog.fr/2009/06/20/la-bataille-de-hanau-dapres-le-temoignage-du-colonel-dautancourt/

salutations grognards.