Auteur Sujet: Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???  (Lu 54677 fois)

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #60 le: 06 janvier 2008, 12:51:39 pm »
La tactique d'utiliser des voltigeurs en croupe de cheval afin de les amener rapidement en un point précis du champ de bataille est connue. Par exemple, les cavaliers du général Corbineau, ayant chacun un voltigeur en croupe, ont été les premiers à franchir la Bérézina pour s'assurer de la sécurité de la rive droite avant la construction des ponts.
Mais je pense, comme cantonese, que l' utilisation de cette tactique pour capturer des canons ennemis à été exceptionnelle. Question de circonstance de bataille...et les circonstances on du être extrèmement rare !
Pour la capture de canon ennemis il suffit de lire les cahiers du capitaine Coignet pour se rentre compte qu'il s'agit effectivement d'un haut fait d'arme ( page 95 des cahiers).
Coignet, à la bataille de Montebello, alors qu'il n'était que simple soldat, a capturé une pièce d'artillerie et passé ses servants à la baïonette...il fût décoré par Bonaparte en personne pour ce fait d'arme

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Re : Re : Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #61 le: 06 janvier 2008, 13:02:24 pm »
bonjour Nick.

J'ai déjà vu cela sur diverses peintures/gravures!
Dès que je remets la main dessus, je poste ;)

au plaisir de voir ces peintures  ;)
tcho professeur  ;)

salutations grognard.

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Re : Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #62 le: 06 janvier 2008, 13:47:33 pm »
La tactique d'utiliser des voltigeurs en croupe de cheval afin de les amener rapidement en un point précis du champ de bataille est connue. Par exemple, les cavaliers du général Corbineau, ayant chacun un voltigeur en croupe, ont été les premiers à franchir la Bérézina pour s'assurer de la sécurité de la rive droite avant la construction des ponts.

Exemple typique... d'utilisation en dehors d'une bataille.
Il fallait franchir une rivière rapidement avec le maximum de monde.

Un autre argument plaide en faveur de la non systématisation de ces pratiques au combat : Mettez vous dans la peau d'un général de cavalerie. Accepteriez-vous de transporter des fantassins sur le dos des chevaux de votre brigade ? En comptant un cheval par fantassin à minima... cela vous fait autant de cavaliers en moins dans vos régiments. C'est donc à minima une moitié voire un escadron en moins pour accomplir vos tâches.
Difficilement imaginable tout de même.

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #63 le: 06 janvier 2008, 14:34:46 pm »
Concernant l'artillerie et leur position "dans" les carrés d'infanterie.

Dans le réglement (et la réalité), les pièces d'artillerie flanquent effectivement les carrés.

Selon le type de carré, elles peuvent se trouver entre 2 carrés ou en prolongement d'un des côtés depuis un angle (face à l'ennemi dans ce cas ; ou en potence si vous préférez !).

En effet, à ma connaissance, les canons sont toujours à l'extérieur des carrés pour des raisons évidentes :
- Pour pouvoir être utilisés !
- Pour ne pas créer un trou dans la barrière de bayonnettes.
- Lorsque les pièces sont à l'intérieur du carré, c'est pour les protéger des coups de l'ennemi.

Donc l'exemple des Pyramides n'est que l'application du réglement et qu'un exemple de ce qui a été pratiqué tout au long de cette période.
Salut et fraternité

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #64 le: 06 janvier 2008, 14:53:15 pm »
Salut,

A Cantonese:

je sais que tout cela est surprenant mais vous me demandez les details et les sources et je les donne dans mes explications plus haut mais bon. Les informations que je vous transmet sont les souvenirs de la lecture de l'ouvrage de Daniel Reichel tiré du livre Davout et l'art de la Guerre. Daniel Reichel est un militaire suisse , commandant a l'epoque et qui a réalisé sa thèse de doctorat sur le sujet donné en titre. Son ouvrage se décompose en trois parties, tout d'abord les origines et la formation de Davout, ensuite sa manière de commander et d'instruire ses troupes et enfin ses réalisation en tant que chef de guerre commandant du IIIeme corps et jusqu'en 1809.
Concernant l'anecdote des canons elle est relatée par Daniel Reichel qui cite ses sources dont je ne me rappelle plus et on retrouve ces mêmes éléments dans un petit manuel qui traitait la bataille de très belle manière dans une collection appelé les grandes batailles de l'histoire aux editions Socomer.
Je ne serai pas aussi sûr des nombres de canons utilisés a la fin de la bataille d'Auerstadt par les français cependant l'histoire semble plausible puisqu'en 1806 chaque bataillon d'infanterie prussien dispose de 3 pièces de 6 livres manoeuvrés par l'infanterie. Ces canons "bataillonnaire" n'étaient d'ailleurs pas comptabilisés dans les pièces d'artillerie endivisionnées puisque manoeuvrées non par les artilleurs mais par les fantassins de ces régiments.  Ces pièces seront d'ailleurs récupérées par Napoléon pour renforcer l'artillerie des régiments français.

L'armée de Davout regroupait 14 régiments de 3 bataillons chaque bataillon comptait une compagnie de 90 voltigeurs.  42X90= 3780 hommes donc largement de quoi servir des pièces maoeuvrables a 3 hommes. D'autre part le feu de l'action dont vous parlez dans les ravins ne sont pas la réalité du champs de bataille de Auerstadt. La bataille s'est déroulé sur un itinéraire entre Hassehausen et Auerstadt et le village d'Hassenhausen par où arrivèrent les troupes de Davout constituait la sortie du débouché du dit ravin dont les flancs pouvaient se gravir a pied. L'essentiel du combat se déroula donc sur un terrain relativement peu accidenté d'ailleurs voici une photo d'Hassenhausen dont vous pourrez constater qu'il ne s'agit pas de la vallée de la mort en californie :mrgreen:
Donc les évolutions d'infanterie etaient totalement faisables a l'inverse d'une mythologie véhiculée par des historiens peu soucieux de véracité historique et tactique.
L'une des raisons de la réussite de Davout a Auerstadt fut aussi que les unités prussiennes arrivèrent successivement et ces colonnes furent donc battues individuellement lors de leur arrivée sur le champs de bataille. L'armée française plus mobile et plus rapide réussit a chaque fois à fixer la ligne prussienne les nouveaux régiments arrivants qui arrivaient au pas de course créant la décision sur un flanc du front ennemi .
La cavalerie française constituée de régiments légers de chasseurs ( 3 régiment a 4 escadrons, les 1er 2eme et 12 eme chasseurs) n'etaient pas en mesure de rivaliser avec la cavalerie de ligne et lourde prussienne et exerça ses qualités dans ces manoeuvres non conventionnelles avec l'infanterie légère.  Les combats qui se déroulèrent se succédèrent et quelques temps morts permettaient aux troupes françaises de se réorganiser sur trois front successifs( sortie de ligny, poppel, plaine d'auerstadt).
De plus le dispositif français avançant peu a peu sur l'ennemi la ligne française s'empara des positions prussiennes et des pièces prises ou abandonnées par l'ennemi.

Concernant la bataille  des pyramides effectivement les unites françaises se formèrent en carré par brigade  sur 6 rangs de profondeurs ce qui permit a l'infanterie de disposer d'une puissance de feu extraodinaire contre des cavaliers extraordinaire. Le problème des angles fut résolu par le déploiement des batteries d'artilleries qui étaient appuyée de compagnies de grenadiers pour assurer leur couverture . Ces derniers assuraient d'après ce que j'ai compris la sureté rapprochée des artilleurs formant de petits carré au angles des grands carrés formés par les brigades. ( Vie politique et militaire de Napoleon racontée par lui même et en fait écrit par Jomini pour servir a la formation militaire du Tsar Alexandre).
La peinture de Lejeune officier des armées de l'empire donne une idée assez précise de ce que purent être ces carrés. On voit bien la compagnie de grenadiers au premier plan formée en ligne et pas le moins de monde impréssionnée par les mamelouks et ouvrant le feu à 30 pas ( comme le fit le 13eme léger contre la division de dragons de blucher au cours de la bataille d'Auerstadt).
"-Vous les corsaires ne vous battez que pour l'or, nous anglais nous battons pour l'honneur!
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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #65 le: 06 janvier 2008, 15:10:48 pm »
bonjour Leonardo.

joli post,trés bien argumenté  ;)

salutations grognards.

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #66 le: 06 janvier 2008, 17:07:52 pm »
Autre particularité de la bataille d'Auerstaedt, c'est qu'il y avait pas mal de brouillard.
Ce détail a joué un rôle extrêmement important car ni les français ni les prussiens ne connaissaient le terrain et ses particularités.... sauf DAVOUT lui même.

En effet, je crois me rappeler que ce grand stratège se doutait qu'il allait s'y battre et l'avait reconnu en personne (je crois même savoir que c'était la veille).
D'où une très grande précision des ordres et efficacité des manoeuvres françaises alors que du côté Prussien, la plus grande confusion à régnée !

Voilà comme pas grand chose peut faire une grande différence au résultat !
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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #67 le: 06 janvier 2008, 17:29:34 pm »
Oui, Napy et ses maréchaux reconnaissaient en général le terrain la nuit, déguisés en hommes de troupe, à l'inverse de nombreux chefs étrangers qui ne venaient même pas sur le champ de bataille le jour même, regardant de (très) loin les combats :mrgreen:
Il y avait aussi peu de Murat, Ney, Caulaincourt ou Lassalle chez les Alliés...qui chargeaient et/ou étaient aux avant postes!!!
Voilà des braves!!!!
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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #68 le: 06 janvier 2008, 17:38:12 pm »
Ce qui est clair c'est qu'effectivement le brouillard va aider a certaines manoeuvres.
Au petit matin les avant garde du premier chasseur décèlent les bruits de la marche d'une colonne de cavalerie prussienne. A 50 hommes ils tentent le coup pour avoir une estimation des effectifs ennemis. Ils chargent dans le brouillard pistolets au poing. Arrivé a quelques mètres de la colonne ennemie en marche il tirent a bout portant sur les cavaliers prussiens. La manoeuvre est tellement surpenante pour l'ennemi que c'est la confusion et le désordre. Il faudra une heure pour que la colonne prussienne comprennent ce qui venait de se passer .

Même erreur de la 1ere colonne dans le brouillard au petit matin. L'avant garde voit la masse sombre de ce qu'elle croit être une haie et d'un coup cette haie se met a ouvrir le feu il s'agit en fait d'une ligne d'infanterie française.

De même le brouillard facilitera evidement grandement les "opérations commando" des voltigeurs français...

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #69 le: 09 janvier 2008, 00:20:59 am »
Chers amis,

Me voici de retour, le temps de récolter de l'information circonstanciée par la relecture d'ouvrages et l'interrogation de  personnes versées dans l'art militaire napoléonien (un grand merci à mon ami Diégo pour ses éclairages que je reprends largement dans les lignes suivantes).

Je souhaite que les éléments que je vous apporte vous permettent de vous faire une idée plus précise sur la question de l'emploi combiné de voltigeurs montés sur la croupe des chevaux des cavaliers légers et notamment quant à leur action sur les canons ennemis à Auerstadt.

Les éléments que j'ai recueillis m'incitent à avancer que si cette tactique a pu effectivement être pensée, elle n'en a pour autant jamais été développée et encore moins systématisée



1°) Sur un plan théorique voici l'information la plus importante à mon sens :

Elle vient de l'Empereur lui-même qui dès frimaire an XII "voulait former, dans chaque bataillon de régiments d'Infanterie légère, une compagnie qui eut été dénommée "compagnie à cheval" ou "compagnie d'expédition" ou "compagnie de partisans" et qui, composée d'hommes de petite taille (4 pieds 11 pouces au maximum), armée de fusils légers et, les cadres, de carabines rayées, eût été exercée à suivre la cavalerie au trot en se tenant tantôt à la botte du cavalier, tantôt à la queue du cheval.
(...) il voulait cette compagnie attachée à un régiment de cavalerie qui n'aurait eu nul avantage particulier et qui, comme commandement, comme effectif, comme uniforme, comme instruction, en tout et pour tout, eût été strictement tenu comme tout autre régiment de l'armée"
(citation de Frédéric Masson in "Les cavaliers de Napoléon")

Cette théorie est transcrite en droit par un arrêté du 22 ventôse an XII pour l'infanterie légère (1804) + en l'an XIII (1805) pour l'infanterie de ligne
Or, les principes retenus dans cet arrêté pour leur permettre d'accomplir ces tâches combinées (ex : habiller les voltigeurs plus légèrement et leur donner des armes plus légères, les rattacher à des régiments de cavalerie...) ne furent jamais appliqués par l'administration.

Mais attention, il ne faut pas se méprendre :
Ce que recherchait Napoléon, c'était d'appuyer par ses feux d'infanterie sa cavalerie lancée à grande distance et non pas que la cavalerie soit au service de l'infanterie.



2°) Sur un plan plus pratique et en rapport avec l'entraînement au camp de Boulogne puis la bataille d'Auerstadt elle-même :

Par ailleurs, si d'aventure Napoléon avait envisagé cet usage particulier des voltigeurs au camp de Boulogne et les avait entraîné en conséquence, cela n'aurait pu être que pour les voltigeurs de l'infanterie légère puisque ceux d'infanterie de ligne n'ont été créés qu'après la levée du camp fin 1805 (cf. ci dessus).

Et le hic, c'est que dans le corps de Davout à Auerstadt, il n'y a qu'un seul et unique régiment d'infanterie légère : le 13eme.
Qui plus est ce régiment fait partie de la division Morand qui comme on l'a dit précédemment est la dernière division à entrer dans la bataille et qui vient se placer sur la gauche de Gudin.
Nos voltigeurs du 13eme sont donc sur l'aile gauche du corps de Davout et doivent traverser l'armée prussienne pour rejoindre les cavaliers de Viallanes qui eux, empêchent depuis qqs heures l'aile droite française d'être débordée par les prussiens.

Bref, on le voit, cela devient vraiment difficile pour nos amis voltigeurs de ne serait-ce qu'approcher de près la queue d'un cheval.



3°) Sur un plan du rapport interarmes de l'époque :

Certes des unités interarmes pouvaient se soutenir mais de là à ce que des cavaliers se transforment en transporte-biffins, il faudrait un ordre express d'un supérieur hiérarchique, seul capable d'obliger les chefs de cavalerie (i.e. Viallanes à Auerstadt) à le faire, ce qui suppose encore que ledit supérieur ait "préparé son coup", or, à Auerstadt, nous sommes dans une bataille de rencontre. Ni Davout ni Friant (alors en position à droite et qui demande à Viallanes d'aller nettoyer le bois du Spielberg) n'ont à perdre du temps pour s'occuper en détail de quelques compagnies de voltigeurs...



4°) Je terminerai sur l'utilisation des pièces adverses par des soldats d'infanterie :

Pour l'utilisation de pièces adverses, effectivement, des soldats de Boulogne (officiellement les Grenadiers et Carabiniers de la Ligne, et les Grenadiers et Chasseurs de la Garde) avaient été formés au service des pièces, et il s'est trouvé quelques circonstances qui s'y sont prêtées. Mais là encore, ni de manière massive, ni de façon systématique. Cela relève plus de l'initiative locale des combattants que d'ordres supérieurs.
Pour Auerstaedt, on retrouve trace de cela dans une citation qui m'a été communiquée par la personne citée au début de ce post : "Le caporal Boutloup et une poignée de voltigeurs du 21e s'emparent d'un canon, assomment, dispersent les servants, tournent la pièce contre l'ennemi et lui envoient ses boulets."
Ce texte est tiré du "Iéna" de Lachouque (page 247). Si cet événement est mentionné, c'est peut-être justement parce-qu'il est le seul, que c'est exceptionnel... et pas courant. A Auerstadt, il est indéniable que de nombreuses batteries furent effectivement prises mais pas pour autant "retournées" contre l'ennemi.

Il est fort possible que le caporal Boutloup (on aurait du le surnommer "Boutfeu"  ;)) ait pris une pièce chargée et prête à l'emploi si j'ose dire.



5°) et pour conclure, voici un peu de bon sens :

Deux hommes sur un cheval ralenti par leurs poids respectifs forment une bien meilleure cible, qui ne peut guère s'abriter, qu'un simple voltigeur "à pied". Nous sommes sur un champ de bataille où les forces sont en présence. Pour un voltigeur, il n'est donc pas question d'aller vite (par exemple en montant sur la croupe d'un cheval) mais d'aller bien (par exemple en s'approchant le plus près possible de l'ennemi sans attirer son attention).

Voilà, j'en ai terminé avec ces quelques informations que je voulais porter au débat.
Objectivement, ma conviction est que des pièces ont été prises par les voltigeurs à Auerstadt mais de là à imaginer que pour ce faire ils aient été transportés à dos de cheval et amenés devant les batteries en position...




« Modifié: 09 janvier 2008, 00:26:09 am par Cantonese »

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #70 le: 09 janvier 2008, 10:03:43 am »
Bonjour

Tout anecdotique qu'ai pu être la prise de ces pièces et leur retournement contre l'adversaire il correspond bien cependant a la "tradition" des fantassins-canoniers hérité des guerres de la Révolution.
Citer
1°) Sur un plan théorique voici l'information la plus importante à mon sens :
Oula sous l'empire et en particulier au début de la periode le théorique repose sur quelques instructions destinées au commandants de corps et sur la lecture d'un ouvrage: l'essai général de tactique.
L'ensemble de l'instruction n'est pas théorique mais pratique. D'autant plus pratique que sur l'ensemble des hommes sur les rang nombre de soldats comptent déjà une campagne et ont acquis l'art de la guerre sur le terrain. On parle du 13eme léger ?  contenant un ennemi supérieur en nombre le régiment a un moment de la bataille a vu son flanc contourné par une charge de cavalerie. L'ensemble du régiment a quitté sa position en petite foulée pour traverser Hassenhausen et se reformer en carré derrière le village. Lorsque  la cavalerie de Blucher va tomber sur le régiment le carré ne comporte que trois côtés...Et se reforme en fonction de l'arrivée des fuyards. Le colonel ordonne le feu sur la cavalerie a 150 pas et personne ne tire sur les rangs. Un deuxieme ordre est donné et personne ne tire . Le régiment ouvrira le feu a 30 pas selon les dires des temoins et la charge des cavaliers prussiens sera brisée nette par la décharge.  Le colonel  dit on avait mangé son chapeau.

L'armée de 1805, 1806 comporte des milliers d'exemple d'initiatives des bas échelons en dehors de toute manoeuvre théorique de manuels dont je doute qu'enormément d'hommes aient fait la lecture.  D'ailleurs la théorie explique uniquement les evolutions complexes des compagnies, bataillons régiments sur le champs de bataille et l'instruction theorique réside surtout dans la réalisation de ces mouvement sur le champs de bataille. ( ce sont généralement des instructions datant de l'epoque de Carnot qui réorganisa les armées de la République).
L'essentiel des techniques de combat se transmet par oral des instructeurs aux soldats et vice versa.  D'autre part dans cette armée la hiérarchie n'est pas aussi forte que dans nos armées. Si vous possédez les memoires du capitaine Coignet tout sujettes a caution qu'elle soient regardez comment Coignet enseigne l'utilisation du fusil dans les mêlées au corps à corps et comment en deux coups de baionnette on se débarasse de 3 adversaires et on traverse une ligne d'infanterie... Il n'y a pas si longtemps les plus "vieux" cadres n"etaient que soldats. Leur autorité repose sur leur compétence au combat tant technique que tactique. Songez a la prise de Leipzig par la poignée de cavaliers de Lasalle. Ce n'est qu'un exemple symptomatique du fonctionnement de la grande armée a cette époque.
Maintenant il est certain qu'il sera très difficile de simuler ces techniques particulière de combat. Par exemple en lisant avant poste de cavalerie légère ( d'ailleurs bcp d'instructions théoriques seront rédigées après les guerres napoleoniennes par des cadres réduits a ne faire que de l'instruction) du Général Brack , on apprend que dans la cavalerie légère il est une technique qui permet a coup sur de mettre hors de combat un ennemi cavalier plus lourd de type dragons ou cuirassiers. On lance une attaque de cavalerie régulière au pas en ligne botte à botte...L'adversaire sur de lui lance sa charge et l'avance au pas des français peut laisser penser que ces derniers manquent de contenance. On augmente le rythme en montant au trop, l"ennemi se conforte dans son attitude de charge en ligne et au moment opportun qui ne peut guère être connu que par des cavaliers ayant eu l'habitude de ce genre de technique, la cavalerie légère réalisait un a droite droite pour se retrouver en colonne qui chargeait dès lors a bride abbatue sur un flanc de la ligne ennemie mettant dans le vent la majorité des cavaliers ennemi et créant localement une supériorité numérique favorables aux français, semant le désordre et anihilant tout l'avantage de la charge en règle a cheval. Ensuite la supériorité individuelle des cavaliers français au duel monté n'est pas a prouver. Qu'on pense a l'action de Guindet de même contre le prince Louis Ferdinand de Prusse. Le cavalier charge on adversaire pointe en avant, abandonne la posture et esquive le coup de sabre adverse réarmant le bras pour frapper dans les reins de l'adversaire dépassé. En ce qui concerne cette tactique de cavalerie légère elle est le résultat d'expérience acquises au contact de diverses cavaleries et ressemble etrangement aux façons des mamelouks et turcs de faire la guerre...

Citer
Ce que recherchait Napoléon, c'était d'appuyer par ses feux d'infanterie sa cavalerie lancée à grande distance et non pas que la cavalerie soit au service de l'infanterie

S'il s'agit d'appuyer qu'on soit bien clair ce n'est pas dans le combat régulier qu'il faut penser cet appuis. On voit mal une compagnie de partisans montés mener un combat régulier en ligne a proximité d'une unité de cavalerie en charge pour appliquer des tirs sur un ennemi attaqué. Je ne crois pas que ce soit l'appuis par le feux dont il s'agisse.
La volonté de l'empereur est de pousser les cavaliers à mettre pied a terrre pour mener des operations de petite guerre avec ce type d'unité. Le mousqueton permet au cavalier de disposer d'une arme peu encombrante qu'on peut transporter a cheval. En fait ce que voulait l'empereur ce sont des commandos montés aptes aux coups de mains sur les arrières ennemi afin d'acquérir le renseignement et de semer le désordre sur les arrière de l'ennemi.
De même si on y réfléchi en 1806 ont été créé 2 regiment de 2 bataillons de dragons ... à pied.Leur organisation etait celle de l'infanterie. La capture de chevaux en prusse les activera  en rgt de cavalerie durant cette campagne.
Pour shematiser c'est un peu la manière cow boy de considérer la cavalerie. On se déplace a cheval et on combat a pied en tirailleur ou plutot en désordre ( comme actuellement en fait).

Citer
Par ailleurs, si d'aventure Napoléon avait envisagé cet usage particulier des voltigeurs au camp de Boulogne et les avait entraîné en conséquence, cela n'aurait pu être que pour les voltigeurs de l'infanterie légère puisque ceux d'infanterie de ligne n'ont été créés qu'après la levée du camp fin 1805 (cf. ci dessus).

Et le hic, c'est que dans le corps de Davout à Auerstadt, il n'y a qu'un seul et unique régiment d'infanterie légère : le 13eme
.
Si vous me permettez vous faites une petite erreur. Effectivement l'organisation des compagnies de voltigeurs date de fin 1805 mais Auerstadt c'est fin 1806.  Depuis un an ces compagnies existent dans les régiments d'infanterie de ligne.  Les bataillons sont a 9 compagnies 1 de grenadiers, une de voltigeurs et 7 de fusiliers de ligne. Dans le corps de Davout l'ensemble de l'infanterie connait les manoeuvre de l'infanterie légère ( comme expliqué dans le livre de D. Reichel).
Au camp de Boulognes chaque jour l'infanterie s'exerçait au tir et tirait 15 cartouche ce qui correspondait à la quantité de munitions tirées dans une bataille.
Lorsque l'ordre sera donné de créer les compagnie légères le combat de voltigeur est connu et le décret ne vient que valider et organiser un système acquis et developpé depuis les guerres d'indépendance américaine et theorisé par Guibert dans son essai général de tactique. Mais dans ces temps de guerre la théorie et l"administration n'ont guère d'impact sur l'action et l'expérience des troupes.
Citer
Bref, on le voit, cela devient vraiment difficile pour nos amis voltigeurs de ne serait-ce qu'approcher de près la queue d'un cheval.
Donc il s'agit bien de voltigeurs de la ligne que ceux ci soient ceux décrétés par l'administration  :lol: ou ceux mis en oeuvre par les chefs de bataillons evoluant dans le brouillard . Cependant concernant cette anecdote je recherche actuellement mes sources puisqu'il y a quelques temps que j'ai laché le pied et je remets actuellement en ordre ma bibliothèque  ;)

 
Citer
Certes des unités interarmes pouvaient se soutenir mais de là à ce que des cavaliers se transforment en transporte-biffins, il faudrait un ordre express d'un supérieur hiérarchique, seul capable d'obliger les chefs de cavalerie (i.e. Viallanes à Auerstadt) à le faire, ce qui suppose encore que ledit supérieur ait "préparé son coup", or, à Auerstadt, nous sommes dans une bataille de rencontre. Ni Davout ni Friant (alors en position à droite et qui demande à Viallanes d'aller nettoyer le bois du Spielberg) n'ont à perdre du temps pour s'occuper en détail de quelques compagnies de voltigeurs...
Non je suis désolé mais pour un chef de guerre c'est la situation qui commande et les vrais chefs le savent. Lorsqu'on est sur le terrain c'est l'imagination, l'exploitation de la moindre opportunité qui compte et le moral des français de cette armée de 1805 et 1806 est tout a fait révélateur de ce type des coups tordus. Il ne s'agit pas d'exploiter un ordre mais bien de faire preuve d'initiative et l'initiative part non d'un général qui ne voit rien de la situation mais du type qui est sur le terrain et au contact et qui seul peut générer ce type d'action d'ailleurs. On voit mal d'ailleurs systématiser le procédé pour l'époque. Cependant la grande force de l'armée française d'alors c'est d'une part la grande compétence technique et tactique des troupes aux plus bas echelons et ensuite le moral exeptionnel de l'armée. On considère qu'une armée se débande et abandonne le combat à 30% de pertes. Dans l'armée de 1805, 1806 même a 50% de pertes les troupes continuent a combattre et à remporter les batailles.


4°) Je terminerai sur l'utilisation des pièces adverses par des soldats d'infanterie :

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Pour l'utilisation de pièces adverses, effectivement, des soldats de Boulogne (officiellement les Grenadiers et Carabiniers de la Ligne, et les Grenadiers et Chasseurs de la Garde) avaient été formés au service des pièces, et il s'est trouvé quelques circonstances qui s'y sont prêtées. Mais là encore, ni de manière massive, ni de façon systématique. Cela relève plus de l'initiative locale des combattants que d'ordres supérieurs.
Pour Auerstaedt, on retrouve trace de cela dans une citation qui m'a été communiquée par la personne citée au début de ce post : "Le caporal Boutloup et une poignée de voltigeurs du 21e s'emparent d'un canon, assomment, dispersent les servants, tournent la pièce contre l'ennemi et lui envoient ses boulets."
Ce texte est tiré du "Iéna" de Lachouque (page 247). Si cet événement est mentionné, c'est peut-être justement parce-qu'il est le seul, que c'est exceptionnel... et pas courant. A Auerstadt, il est indéniable que de nombreuses batteries furent effectivement prises mais pas pour autant "retournées" contre l'ennemi.

Il est fort possible que le caporal Boutloup (on aurait du le surnommer "Boutfeu"  ) ait pris une pièce chargée et prête à l'emploi si j'ose dire.
Je veux juste rappeler que l'emploi de l'artillerie dans l'armée prussienne pour l'infanterie est courante depuis Frédéric II et la guerre de 7 ans. Frédéric II avait developpé de petites pièces d'artillerie qui étaient attelé a des fantassins ou des mulets selon les moyens disponibles et dont la mission etait d'appuyer a longue et courte distance l'infanterie. Le fait d'entendre le canon et de subir des tirs a plus de 500m est un moyen de gagner un ascendant moral sur le champs de bataille.
A Auerstadt les bataillons prussiens utilisent ces pièces de 6 livres hérités des canons de "fer" de l'armée suédoise de Charles XII. Ces canons a la suedoises sont ceux qui ont été pris et employés par les soldats français parce que les soldats français savaient manoeuvrer ces pièces et parce que le leur emploi etait extremement simple et souple.

Ces pièces capturées seront réutilisées par l'armée impériale et adoptés par l'infanterie. En 1809 je crois que c'est 3 pièces qui sont attribuées par bataillon pour renforcer la puissance de  feu des jeunes conscrits.

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Deux hommes sur un cheval ralenti par leurs poids respectifs forment une bien meilleure cible, qui ne peut guère s'abriter, qu'un simple voltigeur "à pied". Nous sommes sur un champ de bataille où les forces sont en présence. Pour un voltigeur, il n'est donc pas question d'aller vite (par exemple en montant sur la croupe d'un cheval) mais d'aller bien (par exemple en s'approchant le plus près possible de l'ennemi sans attirer son attention).
Le combat irrégulier permet à contrario ce mode d'action et je ne suis pas convaincu par votre avis sur les cibles. Vous avez une vision de la guerre napoleonienne trop calquée sur les tableaux de Lejeune et des rapport rédigés après coup d'officiers d'Etat major de l'empereur, qu'ils s'agissent de Ségur, ou d'historien a postériori.
Je parle d'expérience et de comparaison. Effectivement le fait de se balader en croupe est anecdotique et vous ne transporterez jamais l'infanterie de votre armée de cette manière ( même si dans l'armée grecque d'Alexandre cette technique fut courement employée) mais au niveau tactique et dans des circonstances particulières cela permet de créer la surprise. La progression est rendue rapide parce qu'assurée effectivement par l'exploitation des couvert et des angles mort pour approcher au plus près l'ennemi. A porté de tir ces hommes se sont mis a pied et ont ouvert le feu sur ces artilleurs décontenancés .


Comprenons nous bien mon but n'est pas d'inventer des histoires mais de repondre à la question posée. Ce que je vous avance sont des faits avérés et relatés dans les compte rendus des officiers ayant participé aux combat en 1805 et 1806.

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Objectivement, ma conviction est que des pièces ont été prises par les voltigeurs à Auerstadt mais de là à imaginer que pour ce faire ils aient été transportés à dos de cheval et amenés devant les batteries en position...
Effectivement la chose ne fut pas systématisée mais c'est bel et bien les compte rendus de prise d'au moins une batterie par ce type de mouvement.
Ce système n'est pas nouveau et a été employé sur de nombreux champs de bataille comme relaté par Coignet, mais aussi par Ségur.
Même au cours de la premiere guerre mondiale je me souviens d'avoir vu des tableau relatant l'attaque de fantassins ecossais dans le Nord et des australiens en Palestine menant la charge accrochés aux etriers et aux pommeaux des selles de deux cavaliers avançant vers les positions allemandes ou turques. Une autre technique consistait ayant le fusil en bandouliere  de se faire porter en avant accrochés a la queue des chevaux !

 
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Hors ligne Moliere

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #71 le: 09 janvier 2008, 10:27:44 am »
Continuez messieurs à débattre c est diablement interessant.

Merci pour toutes ces recherches !
Dès que l'infanterie aura abordé l'ennemi, nous chargerons sur les canons et leur bouclerons la gueule ! General Fournier a la berezina

Hors ligne Reinel

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #72 le: 09 janvier 2008, 11:16:13 am »
Bonjour,

Je savais bien que cette question méritait d'être débattue  :D

Trève de plaisanterie, un grand merci à tout ceux qui prennent la peine d'étayer leurs propos et de faire des recherches pour les argumenter (en particulier, merci à Cantonese et Leonardo  ;)) Cela donne un échange de vues passionnant et très agréable à suivre.

Du coup, je vous prépare 1 ou 2 autres questions sur les tactiques employées au début XIXe  :lol:

@+

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Re : Pourquoi cette tactique ne fût-elle jamais employée ???
« Réponse #73 le: 09 janvier 2008, 11:45:13 am »
bonjour.

joli et trés interessant débat,et je vote pour.................................que ça continue,c'est plaisant. ;)
merci Cantonése et Léonardo,ça c'est du point de vue étayé  ;)

salutations grognards.

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Re : Pour les férus de l'épopée napoléonienne
« Réponse #74 le: 09 janvier 2008, 13:27:39 pm »
Bonjour à tous les grognards,

Je m'aperçois en consultant le forum tous les jours qu'il y a de nombreux grognards intéressés par l'épopée napoléonienne et qui sont à l'affût de nouvelles connaissances pointues.

J'ai eu l'occasion il y a 3 ans de connaitre par un ami le magazine du Consulat et de l'Empire Napoléon 1er, un peu cher mais extrèmement riche en détail et trés variés (Vie des Maréchaux, détail des campagnes avec cartes, Atlas et Guide).

Cela permettrait aux grognards férus de détails de disposer d'informations riches et historiquement justes.

Voici les coordonnées : Napoléon 1er - SOTECA
                                bp 220  92212 sAINT-CLOUD Cedex
                                Tél : 01 47 11 22 86


Il y a actuellement 8 HS et 44 numéros déjà parus, que vous pouvez consulter sur :

http//:www.napoleon1er.fr Vive l'Empereur

Général Curial
   
« Modifié: 09 janvier 2008, 14:20:55 pm par Reinel »