Auteur Sujet: Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne  (Lu 265248 fois)

Hors ligne Belliard

  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 3394
  • Semper heroicus
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #285 le: 18 avril 2011, 14:13:56 pm »
Merci pour la présentation de ces livres mon cher Tof, de la lecture à venir donc.  ;)
   

Hors ligne Bruguière

  • Officier HistWar
  • Modérateurs
  • Chef d'Etat-Major
  • ******
  • Messages: 3863
  • Fais ton Devoir
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #286 le: 18 avril 2011, 16:51:57 pm »
Merci... ;)

Hors ligne kiva

  • Officier HistWar
  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2130
  • Sans peur et sans reproche
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #287 le: 23 avril 2011, 22:28:17 pm »
Titre : Napoleonic Armies, a wargamer’s campaign directory. 1805-1815.
Auteur : Ray Johnson
Genre : OdBs, Organisation des armées.
Éditeur : Arms & Armour

Ouvrage de 1984 en Anglais, sur l’organisation de toutes les armées des guerres napoléoniennes.
« Modifié: 23 avril 2011, 22:30:56 pm par kiva »
 

Hors ligne tof

  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2410
  • 8eme R.A " Pour la France et de bon coeur
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #288 le: 26 avril 2011, 20:15:11 pm »
Titre:            Austerlitz raconté par les témoins de la bataille des trois empereurs
Auteur:        Les textes ont ete réunis et présentés par Henriette Ozanne
Genre:          Historique
Editeur :       Editions Famot 1974


La bataille D'austerlitz racontée par les heros mêmes,  qui en ont fait une des plus belles batailles.
Il s'agit des braves des deux camps qui nous racontent cette aventure chronologiquement,ses hommes; Soult ,Coignet,Savary,
Danilewski,Segur,Thiard, Langeron,Pellepport...........





ps: j'ai en ma possession un exemplaire réservé par Beauval à ses amis bibliophiles  :D
« Modifié: 26 avril 2011, 21:11:31 pm par tof »

Hors ligne Bruguière

  • Officier HistWar
  • Modérateurs
  • Chef d'Etat-Major
  • ******
  • Messages: 3863
  • Fais ton Devoir
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #289 le: 26 avril 2011, 20:40:26 pm »
Merci général.... ;)

Hors ligne D.C. Parquin

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2176
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #290 le: 27 avril 2011, 16:55:36 pm »
Au sujet de la bataille d' Austerlitz, lire le texte intégral de la bataille (édition de 1806) par un militaire témoin de la journée du 2 décembre 1805, aux éditions Jean Claude Gawsewictch, 2005.
Dû au général autrichien, le baron Karl von Stutterheim, connut un succès tel que Napoléon et Soult se crurent obligés de rédiger des notes "anonymes" qu'ils insérèrent dans des éditions pirates publiées à Paris et à Londres.
Document reproduit en fac similé.
Bonne lecture.

Hors ligne Bruguière

  • Officier HistWar
  • Modérateurs
  • Chef d'Etat-Major
  • ******
  • Messages: 3863
  • Fais ton Devoir
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #291 le: 27 avril 2011, 17:37:11 pm »
Merci pour le renseignement.... ;)

Hors ligne baurya

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 1729
Au sujet de la bataille d' Austerlitz, lire le texte intégral de la bataille (édition de 1806) par un militaire témoin de la journée du 2 décembre 1805, aux éditions Jean Claude Gawsewictch, 2005.
Dû au général autrichien, le baron Karl von Stutterheim, connut un succès tel que Napoléon et Soult se crurent obligés de rédiger des notes "anonymes" qu'ils insérèrent dans des éditions pirates publiées à Paris et à Londres.
Document reproduit en fac similé.
Bonne lecture.

existe auss isur Austerlitz le récit du général Langeron, ed. la vouivre, 1998

Hors ligne D.C. Parquin

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2176
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #293 le: 29 avril 2011, 12:57:02 pm »
Parfaitement rappelé, en effet les mémoires provenant du camp adverse sont très riches en informations intéressantes.

Hors ligne Belliard

  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 3394
  • Semper heroicus
Re : Livres sur le 1er Empire (plus de 175 références) + librairies en ligne
« Réponse #294 le: 29 avril 2011, 22:52:01 pm »
Merci pour ces infos mon cher Baurya. ;)
   

Hors ligne D.C. Parquin

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2176
Je vous conseille vivement la lecture de l'" Itinéraire de Napoléon au jour le jour, 1769-1821"
de Jean Tulard et Louis Garros aux éditions Tallandier.

Hors ligne tof

  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2410
  • 8eme R.A " Pour la France et de bon coeur
Titre:  Guerre de Vendée   Les noyades de Nantes
auteur:  Lallié Alfred
Genre: Histoire
Editeur:  Edition du Choletais

La Vendée,est plus connue pour sa guerre contre les bleus que pour le sort qu'ils subirent.
Le comité de Salut public, employa de simple civils aux quels il donna les pleins pouvoirs, afin de châtier ces blancs qui avaient oser se rebeller.
Les bouchers de Nantes et d'Angers prirent leur rôle à coeur, l'extermination des blancs pouvait commencer.
Adieu la guillotine, la poudre et les balles, bonjour la noyade en masse, non loin de s'arrêter à éliminer les fuyards et prisonniers Vendéens, ils vidérent les prisons.
Ce fut le massacre, femmes , femmes enceintes, enfants , malades , mécréants , bourgeois de l'ancien régime et hommes de religion.
Ces bourreaux ne se bornaient pas a noyer ses pauvres gens, ils les liaient deux à deux par des cordes qui entraient dans leurs chairs, certains furent executés d'autres seront mis nus et défaits de leur biens, puis regroupés par centaines dans des bateaux à fond plats,ces bateaux seront ensuite coulés, là ne s'arrête pas les horreurs.............
Le comité de salut public , ferma les yeux sur l'agissement des bouchers, et participa financierement à ce crime.

Ce livre nous raconte la froide determination de ces tueurs,c'est aussi le témoignage de personnes ayant participé contre leur gré à ces horreurs et de quelques réscapés.


Un livre qui vous donne froid dans le dos.
Jusqu'ou peut-aller l'horreur!!
« Modifié: 26 mai 2011, 18:47:00 pm par tof »

Hors ligne D.C. Parquin

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2176
les éditions du choletais produisent d'excellents mémoires et ouvrages sur la Guerre de Vendée, période trouble mais riche en découverte historique.
De la part d'un membre du Souvenir Vendéen.

Hors ligne during

  • Officier d'HistWar : Grognard de la Vieille Garde
  • Général de Division
  • *****
  • Messages: 2849
Bonjour,
bonjour.

"Les Hommes de Napoléon"...de feu, de sang et de courage...

« Les militaires du temps de la République et l'Empire maniaient la plume comme l'épée, et quand ils ont bien voulu raconter leurs campagnes, ils l'ont fait comme s'ils chargeaient à la baïonnette. (1) »

Quand ils étaient face à l'ennemi, la peur au ventre, les braves, selon l'expression consacrée, ne pouvaient imaginer qu'ils écriraient un jour pour la postérité. Ils entendaient au loin « ronfler » le canon, pleuvoir les premières balles. Un fantassin s'écroule à côté d'eux, mais il faut encore avancer ! Ils sont dans le feu de l'action, le combat s'engage entre fumée, cris, l'odeur de la poudre, et le signal du trompette. Celui d'en face attend, la baïonnette au bout du fusil. La mort guette, dans l'ombre, prête à faucher le combattant qui approche. Le voltigeur avec lequel vous parliez encore ce matin vient d'avoir la tête emportée par un boulet. Il faut avancer encore.
Au soir de la bataille, il faut bivouaquer sur la plaine parsemée de cadavres, et de blessés qui gémissent. La nuit va tomber. Pendant que les chirurgiens du Service de Santé s'affairent, les survivants se restaurent comme ils peuvent, quitte à « marauder » dans les fermes voisines - c'est-à-dire y prendre par la force tout ce qui est comestible.
A quoi pensent les soldats ? Réunis près d'un feu de fortune, ils parlent de l'ami auquel on a amputé un bras ou de ce capitaine disparu dont on a retrouvé le shako ensanglanté. Ils ont une pensée pour leur famille ou leur « promise » dont ils gardent le portrait dans leur havresac.
Et aussi, et toujours, ils parlent de Lui — ils écrivent « Lui » avec une majuscule, le plus souvent.
Lui, c'est l'Empereur.

Pour beaucoup, c'est plus qu'un chef, une figure familière, tutélaire dont on se répète les paroles et les gestes qui tous contribuent à grandir à l'infini l'image d'un homme qui en est venu à incarner la Patrie. Ils le côtoient parfois depuis la campagne d'Italie, en 1796 ; c'est au passage du pont de Lodi qu'ils lui ont donné le surnom qui lui restera jusqu'à la fin : le Petit caporal (2). Il est, il reste, en dépit des sacrifices consentis par chacun d'entre eux, celui qui les a fait voler de victoire en victoire.
A leur sentiment d'admiration, se mêle la conscience de leur propre héroïsme. Ils savent qu'ils sont à eux tous, simple soldat ou général, les rouages de l'implacable machine de guerre qu'est la Grande Armée ; un puzzle guerrier appelé à la victoire.
Créée au camp de Boulogne le 29 août 1805, la Grande Armée, première du nom, compte 70.000 hommes formant une troupe d'excellente qualité et bien instruite. Napoléon écrira à Cambacérès : « Il n'y a pas en Europe une plus belle armée que celle que j'ai aujourd'hui. » C'est un monde en soi, qui réunit des soldats d'une douzaine de nationalités différentes, surtout après 1811, année au cours de laquelle est formée la deuxième Grande Armée (afin de préparer la campagne de Russie) : Polonais, Italiens, Bavarois, Saxons, Belges, Suisses ou encore Croates. A la veille de la campagne de Russie, elle compte 700.000 hommes, dont la moitié de Français.
Ces combattants suivent sans hésiter le petit Corse qui bouscule les vieilles dynasties européennes, qui reste pour les anciens soldats de l'An II l'héritier des idées de la Révolution française, en même temps que, pour les émigrés ralliés à lui, le porte-drapeau d'une France glorieuse aux idées nouvelles.
Officiers et soldats, ils marchent par tous les temps, jusqu'à quarante kilomètres par jour en marche forcée, mais ils ne se privent pas de « grogner », d'où leur fameux sobriquet. La grogne, cependant, est toute relative. Certes, il y a les « traînards », mais on n'en parle guère avant la campagne de Russie. L'étonnant est que la Grande Armée reste une force cohérente jusqu'au bout, en dépit des saignées, et de l'arrivée des Marie-Louise, ces jeunes conscrits inexpérimentés des dernières années de l'Empire, en dépit, même, du découragement qui suit la retraite de Russie, ou au soir de la bataille de Leipzig, en octobre 1813.
Tous suivent le « Grand capitaine », qu'ils soient officiers sortis du rang par la force de leur courage au feu, ou demeurés simple troupier qui survit au jour le jour.
La première Restauration, après le retour d'un Bourbon sur le trône, est une période de doute : des officiers formulent ouvertement leurs critiques à l'encontre de l'Empereur déchu, et les transcrivent parfois dans des ouvrages hostiles. Mais quand, au début de mars 1815, éclate la nouvelle du retour de l'île d'Elbe, tout semble à nouveau possible : Louis XVIII regagne la Belgique et Napoléon retrouve son palais des Tuileries. Son arrivée est délirante : « Sa Majesté pouvait à peine traverser la foule des officiers qui l'entouraient ; elle fut obligée de leur dire, presque suffoquée par l'émotion : "Mes amis, vous m'étouffez." », se souvient Guillaume Peyrusse qui assiste à la scène (3).
Les Cent-Jours commencent, avant-dernier acte de l'Epopée. Et les témoins observent avec attention l'évolution des événements qui s'enchaînent. « Les mois d'avril et mai furent employés en grandes manœuvres de ligne : juin était commencé, et chaque jour nous attendions l'ordre d'un mouvement », écrit le capitaine Lemonnier-Delafosse dans ses Souvenirs (4). Bientôt, c'est la campagne de Belgique. Elle se termine par la bataille de Waterloo...
En 1815, au lendemain de la seconde abdication de I’Empereur, les soldats de la Grande Armée regagnent leur foyer. Les officiers sont mis en « demi-solde » et surveillés étroitement par la police. Une fois la famille retrouvée - l'épouse qu'on n'a pas vue depuis des mois, les enfants qu'on n'a pas vus grandir -, l'uniforme remisé et le sabre accroché au mur dans un coin de la chambre, les souvenirs reviennent peu à peu. D'abord en images furtives, puis la mémoire s'étoffe peu à peu.
Certains ont leurs notes de campagne à relire, à mettre au propre. D'autres racontent leurs heures de gloire à la veillée. Mais les anciens soldats restent des suspects ; leurs récits ne dépassent pas le cercle familial. Sous le règne de Louis XVIII puis de celui de son frère Charles X, quelques premiers témoignages sont publiés, mais ils doivent respecter une règle imposée par la censure officielle : être favorable au régime ou, tout au moins, ne pas lui porter atteinte - ainsi, Albert Rocca, du 2e hussards, publie ses Mémoires sur la guerre des Français en Espagne dès 1814.
Il faut attendre 1830 pour que les anciens combattants sortent de l'ombre. Porté sur le trône par une révolution, Louis- Philippe se veut roi « de tous les Français », imagine de se donner une sorte de légitimité en récupérant l'Empereur et sa légende.
Car la Légende napoléonienne existait déjà. Jean Tulard la fait naître en Italie dès 1797 avec les premières campagnes du général Bonaparte (5). Mais c'est bien avec le retour de l'île d'Elbe qu'elle prend son envol. Le mythe moderne fait son chemin dans l'esprit populaire malgré Waterloo, et se teinte de drame durant la captivité à Sainte-Hélène. Une fois Napoléon disparu, récupérer cette Légende qui ne demande qu'à s'épanouir ne présente aucun danger ; elle offre un champ magnifique à exploiter, que Louis-Philippe va cultiver à l'envi. Et comment mieux l'alimenter qu'en honorant ceux qui en sont la substance même, les hommes de la Grande Armée ?
A partir de 1830, les récits paraissent à un rythme de plus en plus rapide. « Aucune période de notre Histoire n'a donné lieu à un aussi grand nombre d'écrits, de mémoires, de souvenirs ou d'études critiques relatifs aux événements et aux personnages qui l'illustrèrent, que les dix années du règne de Napoléon – quinze si l'on englobe, et il faut le faire, la période consulaire », écrit Marcel Baldet (6). Le phénomène, bien sûr, prend toute son ampleur avec l'accession au pouvoir de Louis-Napoléon, qui deviendra en 1851 bientôt Napoléon III.
C'est à cette époque que paraît le livre le plus célèbre du genre, celui du capitaine Jean-Roch Coignet (1776-1865). En 1851, à Auxerre, celui qui est devenu l'archétype du grognard de l'Empereur, publie la première partie de ses Cahiers (7). Cet officier qui s'illustra dans les rangs de la 96e demi-brigade, puis dans ceux du 1er régiment des grenadiers à pied de la Garde, vend son livre lui-même. Sa technique est très au point. Il entre dans un café, s'assied. Un quidam lui lance :
— Il fait chaud, père Coignet !
Le brave de répondre du tac au tac :
— Pas si chaud qu'à Austerlitz, mon bon monsieur. C'est là que ça chauffait, nom d'un tonnerre, en 1805 ! Il me souvient que ce jour-là au réveil...
Et les mots de filer entre ses lèvres aussi rapidement qu'une charge de cuirassiers ! Inévitablement, Coignet termine en faisant l'article :
— Tout ça, voyez-vous, c'est conté là-dedans, dans mes deux volumes que j'ai imprimés de ma poche mon bon ami ; vous pouvez, sacrebleu ! bien vous les offrir pour un gros écu, afin d'obliger un vieux soldat de la 96e demi-brigade.
Autre figure légendaire : le sergent Adrien Bourgogne (17851867). C'est en 1857 que le journal L'Echo de la frontière, à Valenciennes, diffuse les Mémoires du sergent Bourgogne. Publié sous la forme d'un livre en 1898, le récit fera beaucoup pour la popularisation de l'histoire napoléonienne - le vieux témoin précise en conclusion : « Ce n'est pas par vanité et pour faire parler de moi, que j'ai écrit mes Mémoires. J'ai seulement voulu rappeler le souvenir de cette gigantesque campagne [de Russie] qui nous fut si funeste, et des soldats, mes concitoyens, qui l'ont faite avec moi. Leurs rangs, hélas, s'éclaircissent tous les jours. »
Ces deux personnages hauts en couleur n'ont pas cessé d'être réédités depuis la première publication de leur souvenirs, au point même d'entrer dans les collections pour la jeunesse. Ils sont loin, cependant, d'être les seuls à avoir laissé un récit écrit. Ce dossier, Les hommes de Napoléon, en rassemble quelques- uns parmi les meilleurs, qui pour avoir été oubliés n'en sont pas moins vivants et réalistes.
Citons le capitaine Puffeney... Ce Franc-Comtois happé par la tourmente révolutionnaire a fait une belle carrière militaire, c'est le moins qu'on puisse dire, de l'Italie au camp de Boulogne, de l'Espagne à sa garnison de Landrecies, dans le nord de la France ; l'homme a su raconter tout ce qu'il a vécu sans jamais se départir d'une humilité qui rend son récit plus vrai encore. Citons le sous-lieutenant Jolyet, du 42e régiment d'infanterie de ligne, qui découvre l'horreur de la guerre en arrivant en Espagne. Et Danel, ce lieutenant du 9e hussards, lequel, blessé très grièvement lors de la campagne de Russie, raconte ses souffrances avec la plume de l'insoutenable.
Et les autres, dont les personnalités se révèlent au fil des pages... Le Polonais Chlapowski, officier d'ordonnance de Napoléon, qui côtoie l'Empereur jour et nuit ; Merchier, qui témoigne de l'horreur de la captivité à Cabrera ; Boulart, l'officier d'artillerie, qui parcourt toute l'Europe en traînant à sa suite ses canons ; Merme, l'Egyptien de la Vieille Garde, engagé à l'âge de treize ans, qui, des Pyramides à Moscou, a été de toutes les batailles, de tous les combats ; La Flize, ce chirurgien, qui fait une description dantesque de la bataille de La Moskowa. Et Doisy de Villargennes, émigré aux Etats-Unis pour ne pas vivre dans la France de Louis XVIII, doté d'un humour inébranlable.
Tous ces noms, inconnus pour la plupart, je les ai trouvés au cours d'une dizaine d'années de recherches dans les bibliothèques. Publiés dans des revues peu courantes telles que Feuilles d'Histoire, la Revue de Paris, la Revue Rétrospective ou bien encore le Carnet Historique et Littéraire ou la Revue des Etudes napoléoniennes, ils n'avaient pas été réédités, et restaient introuvables (et pour le témoignage d'Elie-Marie Garceau, j'ai eu accès directement au manuscrit original laissé par l'auteur). Il était important de leur donner une nouvelle vie, pour faire œuvre de mémoire en restituant ces « paroles de grognards », comme ont été si bien restituées les « paroles de poilus », et aussi pour raconter l'Epopée autrement, en marge de l'histoire des historiens.
Qui mieux que ces hommes, en effet, peuvent décrire les batailles de l'Empire ? Ils les ont faites ! Certes, comme l'écrit l'un d'eux, Doisy de Villargennes, ils étaient souvent trop près pour être de bons « reporters ». Cependant, les détails qu'ils se remémorent, les souffrances dont ils portent la trace sur leur corps, l'exaltation qu'ils ne cessent de revivre, sans oublier les horreurs qu'ils ont commises, personne ne pouvait les révéler à leur place. Ainsi, en choisissant à cet effet les auteurs et les extraits peut-on faire un long récit vécu de l'Epopée. Nous avons repris leurs textes sans rien changer de leur style ni de leur syntaxe — ceux d'hommes simples qui ont la spontanéité de leur condition et les préjugés de leur temps. On n'y trouve pas d'analyse des stratégies adoptées, ni de confidences de sources diplomatiques, mais on y découvre quel effet cela fait de marcher en première ligne la baïonnette en avant, de sabrer un Prussien, de recevoir un boulet dans la mâchoire...
Parmi les témoins retenus dans ce dossier, pas de penseurs, pas de généraux non plus. Il n'en est aucun qui cherche à se justifier du choix fait en 1815, ni à se placer politiquement. Il leur manque peut-être du raffinement, voire de la profondeur — ils expriment tous les préjugés de leur temps. Mais l'intelligence ne leur manque pas, et c'est avec raison qu'ils s'interrogent sur le bien-fondé de leur présence en Espagne, par exemple.
Ce qui les unit tous, aussi différents qu'ils semblent à la lecture, c'est leur flamme demeurée intacte ; on les devine prêts à crier une fois encore comme ils l'ont fait si souvent sur le passage de leur chef : « Vive l'Empereur ! » Bien sûr, on peut répondre que leur passion n'était pas si partagée qu'elle en a l'air, que les déserteurs, les traînards et les victimes n'ont pas laissé de Mémoires.
Cependant, même en tenant compte de l'illusion rétrospective, la dévotion qui court de récit en récit reste frappante. Elle est unique dans l'histoire de France.
Le soldat devenu mémorialiste retrace sans rien dissimuler les moments sombres de sa carrière, ses blessures qui marquent sa chair à tout jamais et qui le font encore souffrir.
Tout revit devant ses yeux : la boue en Pologne, la soif en Espagne, le froid en Russie, et le sommeil qui gagne l'imprudent devant le feu du bivouac, ce sommeil auquel il ne faut pas céder sous peine de mort - ce n'est pas la mort qui l'effraie, précise aussitôt le mémorialiste, mais la perspective de ne pas tomber au champ d'honneur. Mais au-delà des épreuves, le nom qui revient le plus souvent dans ces textes comme il revenait dans les bavardages du bivouac, c'est celui de l'Empereur.
Comment pourraient-ils oublier Napoléon, lui qui partageait avec eux une simple pomme de terre chauffée sous la cendre ? Celui qui restait comme eux exposé aux boulets ? Lui dont la capote grise toute simple contrastait tellement avec les uniformes chamarrés de ses maréchaux, Lui encore, leur chef, qui chemine un bâton à la main, les pieds dans la neige, la barbe non faite ?
Oui, Napoléon est bien omniprésent dans les témoignages des soldats de la Grande Armée.
Théo Fleischman écrit à propos de ces mémorialistes : « En faisant le surprenant bilan de leurs inhumaines souffrances, de leurs modestes joies, de leurs victoires et des revers qui les laissent inconsolables, ils mesurent la tâche grandiose dont ils furent les rudes et généreux artisans. Tout cela ne peut sombrer dans l'oubli ni être effacé par l'indifférence ou l'ingratitude des temps nouveaux. Chacun d'eux a conscience d'apporter une contribution utile, dans un cercle restreint, à l'Histoire (8). »
Il faut avoir à l'esprit cette flamme vivante pour comprendre l'événement orchestré par Louis-Philippe le 15 décembre 1840 : le Retour des Cendres - le dernier voyage de l'Empereur, depuis la tombe modeste de Sainte-Hélène jusqu'au dôme doré des Invalides. A ces mêmes hommes dont les textes débordent d'émotion, on offrait une cérémonie nationale.
Malgré le froid, malgré l'âge, les vétérans quittèrent leur foyer pour accomplir une veillée funèbre qui était en même temps un culte rendu à leur propre passé, à leur jeunesse enfuie. Le vent glacé qui balayait les Champs-Elysées où s'avançait lentement le lourd char tendu d'or et de pourpre était comme une évocation de leur gloire, qu'ils avaient crue oubliée et que leur gouvernement, en même temps que la France entière, leur restituait.
Au soir de cette journée, combien de ces vieux uniformes, de ces vieillards transis de froid, se dirent au plus profond d'eux- mêmes : « Rentrons mourir à présent » ?
La conclusion la plus révélatrice est sans doute celle que le mélancolique capitaine Putigny a écrite. Il n'y faut pas changer un mot.
« C'est ainsi que j'achève ces lignes, levant parfois mes yeux vers l'horizon de la Saône et des prés. J'y vois tourner ma vie qui se reflète dans le miroir teinté de la belle rivière. Au seuil de ma maison, lentement, elle coule.
« Les ans ont fait de même et m'ont rendu infirme, moi qui me suis tant battu, tant déplacé à travers une Europe « piétinée par nos marches, infinies, triomphantes, derrière notre Empereur.
« J'ai calculé ainsi avoir fait plus de pas qu'il n'en faudrait pour faire le tour du monde.
« Tout à l'heure, appuyé sur le bras de ma femme, je ne pourrai plus faire le tour de mon jardin.
« Ni peut-être demain, celui de mon fauteuil.
« Et ce sera la fin de la dernière étape.
« Mors remontera entre mes vieilles lèvres, le grand cri des victoires et celui des mourants : VIVE L'EMPEREUR ! »

Christophe BOURACHOT
Editions OMNIBUS, 941 pages, 26 euros
-----------------
NOTES :
(1) Préface anonyme des Mémoires du général Dellard, 1892. Dellard fait partie de ces officiers restés modestes. Son témoignage n'est pas, comme l'est rôle souvent celui de bien de ses pairs, une œuvre de justification sur son rôle et ses campagnes sous l'Empire. Son texte est réaliste et vivant.
(2) Le fait est attesté par Puffeney dans ses Souvenirs d'un grognard, Librairie Honoré Champion, 1912, p. 10.
(3) Baron Guillaume Peyrusse, En suivant Napoléon, Mémoire, 1809-1815, Editions Cléa, 2009.
(4) Capitaine Lemonnier-Delafosse, Souvenirs militaires, LCV, 2002
(5) Jean Tulard, Le Mythe de Napoléon, Armand Colin, 1971, p. 31.
(6) Marcel Baldet, La Vie quotidienne dans les armées de Napoléon, Hachette, 1964, p. 5.
(7) Le titre original ne comporte pas le mot « Cahiers » mais : « Aux Vieux de la Vieille ! Souvenirs de Jean-Roch Coignet. Soldat de la 96`demi-brigade, soldat et sous-officier au I" régiment des Grenadiers à pied de la Garde, vaguemestre du petit et du grand Quartier Impérial. Capitaine d'état-major en retraite. Premier chevalier de la Légion d'honneur. Officier du même ordre ». Il semble que le mot Cahiers a été imposé par l'historien Lorédan-Larchey, qui popularisa ce témoignage à partir de 1883. La dernière édition en date est la suivante : Cahiers du capitaine Coignet, avant-propos de Christophe Bourachot, préface de Jean Mistler, de l'Académie française, Arléa, 2001.
(8) Théo Fleischman, « En écoutant parler les grognards de Napoléon », (Turnhout, Belgique, Editions Brepols, 1963, p. 10)

un livre que je vous conseille car tres interessant  ;)

salutations grognards.

Hors ligne D.C. Parquin

  • Général de Brigade
  • ****
  • Messages: 2176
Si vous avez "tapé" toute cette page, shako!