Osterode,
Pologne,
Le 22 Février 1807,« Souvenirs du désastre de Puntowitz ».
Nous y étions, après des semaines de marches forcées et de parties de cache-cache avec les coalisés, ils étaient là, de l'autre cotés du plateau de Pratzen, sous le commandement du jeune mais prometteur général Prince Soldatlousevsky, un émigré français qui par romantisme avait rejoint le Tsar...
J'avais tout prévu, un plan simple mais éprouvé, des maréchaux expérimentés et braves, des généraux dévoués et compétents......
Une diversion au Nord, censée fixer et étirer le dispositif ennemi et « éparpiller » leur artillerie supérieure, en nombre, à la notre...
Un contournement au Sud, afin de les tourner et de forcer à dégarnir leur Centre pour protéger leur ligne d'opération....
Et, enfin, une percée au Centre pour les couper en deux....
Trop ambitieux, trop complexe, trop offensif............. Si j'avais su.................
Très vite, le talentueux et réfléchi maréchal Zucchi se porta volontaire pour commander nos forces du Nord, il reçut les corps des généraux Davout, Songis et Murat.....
Le Sud revint au fougueux maréchal Pariente qui contrôlerait les corps des généraux Bernadotte, (renforcé par de la cavalerie fournie par Murat) et Oudinot, (renforcés par de la cavalerie fournie par le général Bessières).....
Quand au Centre, je le confiais au populaire et téméraire maréchal Belliard qui prit la charge des corps des généraux Soult et Lannes....
Je restais, pour ma part, à la tête de la Garde du général Bessières...
Je passe rapidement sur cette péripétie qui amena un instant mon cousin Zucchi à posséder les plans ennemi et à les renvoyer à l'expéditeur sans même les avoir lu....
C'est un officier honorable et loyal, son attitude est noble, (pour ma part, j'en aurais volontiers pris connaissance)...
A sept heures, le jour était levé, la nuit avait été longue froide et tendue....
Tout allait trop bien......
Mon intuition ne tarda pas à se vérifier, dés les premiers minutes je fus saisi de stupeur en apercevant, au Sud, cet imbécile de Bernadotte se déployer n'importe comment.....
Cet officier, que je n'aimais guère, avait pour habitude d'interpréter mes ordres à sa guise...
Je constatai cependant, qu'Oudinot était en route...
Zucchi faisait avancer ses troupes au Nord.....
Hélas, ses dragons partis pour éclairer le terrain devant lui ne revinrent jamais et sa diversion fut trop franche...
Rapidement, je pu constater qu'il était engagé par des troupes nombreuses mixtes et mobiles...
la cavalerie de Murat subit, hélas, un bombardement durant de longues minutes avant de retraiter...
Au Centre, le valeureux Belliard avait lancé Lannes à l'assaut de la colline centrale, baptisée « Colette » par son état-major, il comptait sur ses dragons pour s'y ruer et y constituer une tête de pont laissant le temps à son artillerie à cheval de prendre place, puis à son infanterie de monter...
Très vite je déchantai en comprenant que les coalisés étaient arrivés les premiers et que les dragons de Lannes avaient été hachés menu par les canons Austro-russes...
Il fallut ensuite des heures pour désengager ces troupes de ce bourbier...
La suite allait être pire.....
Me rendant au Nord afin de réorganiser le dispositif, la diversion avait trop bien fonctionné et il fallait maintenant se replier en bon ordre afin d'attirer l'ennemi vers l'Ouest, je pu apercevoir une partie du dispositif ennemi : Beaucoup de cavalerie, sans doute les corps de Kienmayer et de Liechtenstein et derrière de l'infanterie, surement Langeron...
Tout n'allait pas si mal me dis-je......Il tiendront.....
Stupide appréciation : Vingt minutes plus tard, alors que j'étais de retour au sud, une estafette m'appris que Davout avait perdu les deux tiers de ses hommes et qu'un duel d'artillerie s'était engagé entre Songis et la grande batterie de Blasowitz....
Lannes souffrait toujours autour de Colette...
Quand à Soult, il était à Pratzen et à son Sud, et avait repoussé les assaut de Bagration, afin une bonne nouvelle.....
Bernadotte comprenait enfin son rôle et Oudinot lambinait dans les marais suivi par un trop lente cavalerie....
L'heure qui suivit fut du même acabit....
Davout reculait, saigné à blanc, Songis n'avait pu faire parler la supériorité de l'artillerie français et devait faire repli....
Cette retraite lui couta cher étant donné l'immobilisme de Murat qui laissa les cavaliers autrichiens sabrer nos artilleurs sans réagir....
On verra qu'il se rattrapera....
Lannes était exsangue.....Incapable de se reformer, ses unités se débandant les unes après les autres....
Oudinot n'avançait pas....
Seul, pour une fois, Bernadotte donnait satisfaction, sans doute la prise en main directe de ce corps par le maréchal Pariente explique cela....
Il avançait sur le plateau et les habits verts reculaient...
Dix heures...
Ce fut l'heure où les chose semblèrent, un instant, tourner en notre faveur....
Au Nord, Davout céderait, ce n'était qu'une question de temps, Songis reçut l'ordre de le soutenir....
Tout temps gagné là nous serait utile ailleurs.....
C'est alors que le noble Zucchi me fit parvenir un message me suppliant de faire donner la cavalerie de Murat afin de casser l'avancée ennemie....
Je fus bien inspiré, cette fois, d'accepter.....
Cette charge est, sans doute, le plus beau moment de cet engagement....
Les coalisés reculaient....
Nous allions, puisque le Nord tomberait, l'abandonner et faire basculer le dispositif sur un axe Ouest / Est....
Bessières allait monter sur Puntowitz et Lannes se replier sur Kobelnitz.....
Soult allait monter sur les hauteurs au Sud de Pratzen et Pariente poursuivre vers l'Est...
Et même si la cavalerie d'Oudinot avait fait le choix étrange de suivre son infanterie en restant dans les marais, elle finirait bien par en sortir et rejoindre son corps...
Cependant, les choses ne se passèrent pas, tout à fait, comme cela....
Soult eut beaucoup de mal à appliquer ces ordres, j'avais mal pris en compte l'inertie de cette masse de plus de vingt mille hommes.....
Il du, inutilement, attaquer « Colette » et y perdre des hommes et du temps....
Les canons de Milodarovitch et Dokhturov y creusèrent le sombres tranchées....
A onze heures Oudinot était, enfin, sorti des marais et avait pris la ligne d'opération ennemie...
Il obliqua pour rejoindre Pariente, et finir Bagration, et derrière lui, Prebyshevsky....
L'espoir renaissait, une fois que, Bessières, Lannes et Soult seraient place, Belliard pourrait détacher prés de sept mille hommes du corps de Soult et les lancer à la suite de Pariente....
Les coalisés n'avaient plus en réserve que le corps de Constantine.....
A midi.....
Lannes, Bessières et Soult étaient, enfin, en place....
Cependant, Davout et Songis étaient anéantis et Murat réduit à sa portion congrue...
Les forces ennemie du Nord pouvaient se retourner vers le Sud......
La Garde devait les contenir
Et notre offensive tournante me direz vous ?
Une traitrise, un coup de génie de nos adversaires, les historiens trancheront....
Toujours est il qu'Oudinot était attendu.....
Cela n'empêcha pas Pariente d'enfoncer Prebyshevsky et d'avancer encore...
Zucchi chargea encore et encore et finit par se replier non loin de Marxdorf...
Belliard attendait l'ennemi de pied ferme...
Un peu après treize heures,
La Garde de Bessières était engagée par l'ennemi, notre seule chance était d'accélérer le mouvement à l'Est et d'engager Constantine...
Et là, le rapport que je reçu, transforma mes sentiments pour Bernadotte....
La haine succéda au mépris...
Ce jean-foutre avait renvoyé, dés le début des opérations sa cavalerie auprès de Murat, prétextant une incompatibilité d'humeur avec un officier...
Cela explique en partie, la qualité des charges de Murat, mais eut, là, une autre conséquence...
Il avait suffi à Constantine de nous envoyer deux ou trois régiments de cavalier pour stopper Pariente et ses renforts, la cavalerie d'Oudinot mise en fuite compléta le tableau...
Nous tentâmes une fois encore de nous adapter en adoptant une position défensive le temps de rallier notre cavalerie, mais alors que mon quartier général était dangereusement isolé prés de Krzenowitz, les nouvelles arrivèrent :
La Garde avait cédé, Belliard et Zucchi étaient peut-être tombés au combat...
Je dus, vers quatorze heures, après en avoir discuté avec Pariente pleurant de rage, et afin de sauver la Grande Armée, me résoudre à me rendre, m'offrant en trophée au coalisés....
Je raconterais dans un autre chapitre, comment je fus reçu très courtoisement par les autorités Austro-russes, comment je fus détenu sept long mois a Vienne, et, comment mes amis Pariente, Zucchi et Belliard, (bel et bien vifs), fidèles a leurs serments, après avoir regagné Paris et re-organisé l'Armée, sont venu m'y libérer...Le souvenir de cette bataille est atroce, mais.....................L'heure de la revanche est proche.....................
Bruguière...............