Auteur Sujet: Austerlitz - La relation  (Lu 15477 fois)

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Austerlitz - La relation
« le: 05 avril 2009, 21:56:39 pm »
Bonsoir à tous...

La première simulation vient de prendre fin.
Merci appuyé à tous les participants de ce premier engagement.
Merci à Montebello pour avoir durant ces dizaines d'heure géré les messages des 2 camps, et reproduit au mieux les ordres des protagonistes.
Merci à Lodi pour avoir éclairer les joueurs sur les différentes particularité de HW:LG
Merci aux représentants des 2 partis qui durant plus d'un mois se sont immergés dans les arcanes du jeu.

A suivre une relation en texte et images pour ces quelques heures de combat...
A suivre un débriefing donnant divers éclairages sur le jeu et une analyse sur les plans tactiques des 2 camps.. surtout au sens applications et non sur le fond même.

Nous essayerons d'aller assez vite.. mais tout cela prend un peu de temps car il y a un nombre de messages considérables dans les Fora spécifiques.
Et mettre en forme la relation demande aussi du temps... et je sais que Montebello veut absolument faire une vidéo sur une charge de Murat.

Et une fois tout cela digéré, nous partirons sur un nouvel engagement.. disons Friedland par exemple!

Encore une fois, Merci!!!!

Et pour conclure, la dépêche envoyée par le commandant des forces françaises aux coalisés:

Citer
Krzenowitz, le 2 décembre 1805, 14h00....

                                Au généralissime des forces coalisées, son excellence le prince Soldat Louis.....



  Mon cousin,

  Il est du devoir d'un chef et du devoir d'un soldat que de reconnaitre qu'il est surclassé par un ennemi supérieur.....

  Nous sommes défait et de trop nombreuses familles pleureront à Moscou, Vienne et Paris, ce soir, leurs chers disparus.....

  Aussi, portant seul la responsabilité de cet échec, je m'en remet à votre générosité et à votre sens de l'honneur.....

  Si vous en êtes d'accord, excellence, je vais me rendre, immédiatement, avec une faible escorte au château d'Austerlitz, afin de m'y constituer   prisonnier....
  Durant ce temps, je vous demande de soldat à soldat, de cesser les hostilités......

Mes braves soldats, comme les vôtres d'ailleurs ont payé un lourd tribut aujourd'hui, il serait criminel que de l'aggraver....
Vos troupes se retirant sur un axe Schlappanitz/Krzenowitz laisseraient aux nôtres la possibilité de se regrouper en vue d'une évacuation du champ de bataille....
     
  Vous fixerez, ensuite vos conditions qui seront les miennes......

                             
                                                                                    Martialement,
               
                                                                                                        Bruguière, général en chef des forces française........

« Modifié: 05 avril 2009, 23:27:44 pm par JMM »

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Réponse d'Alexandre à Napoléon
« Réponse #1 le: 06 avril 2009, 18:43:53 pm »
Mon cousin,

Il n’est pas de la grandeur d’un prince que d’humilier ses ennemis. L’alliance entre la France et la Russie a toujours été l’objet de mes désirs et je suis convaincu que seule elle peut garantir le bonheur et le repos de l’univers.
Aussi, afin de préserver un avenir prospère pour nos peuples et par égards pour vos braves je consens à votre rédition avec tous les honneurs de la guerre. Lorsque le porteur de cette lettre se présentera à vous, vous ferez entendre le cesser le feu à  vos gens.
Nous cesserons alors toute action militaire et vous viendrez sous escorte au château d’Austerliz pour y entendre nos conditions.
Je me flatte que nous nous entendrons facilement pourvu que nous traitions sans intermédiaire.

Alexandre

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #2 le: 08 avril 2009, 23:27:32 pm »
Histwar Les Grognard : Austerlitz 2009

Voici le compte rendu de la bataille d'Austerlitz.
Les ordres de bataille, les mouvements de troupes, de corps d'armée et d'unités ont été retranscrits sur le Jeu Histwar par l'intermédiaire de Montebello qui a assuré l'intégralité du suivi des ordres des deux camps et le bon déroulement de la partie sur le logiciel en total impartialité.

Force en présence sur le jeu:

Citer
Les Austro-Russe : environ 50000 fantassins, 300 canons, 14000 cavaliers
Les Français : environ  60000 fantassins, 150 canons, 13000 cavaliers

(Note JMM : a posteriori, je me suis aperçu que l'ordre de bataille des Austro-Russes était incomplet.. Que les coalisés ne m'en tiennent pas rigeur ;)

Chaque armée est divisée en huit corps.
Pour les français : Bessières, Soult, Bernadotte, Murat, Lannes, Oudinot, Davout, Songis.
Commandant en chef: Napoléon Ier
Pour les austro-russes : Kienmayer, Milodarovitch, Bagration, Dokhturov, Prebyshevsky, Constantine, Liechstenstein, Langeron
Commandant en chef : Alexandre Ier

Le champ de bataille :
Fidèle reproduction du champ de bataille historique à quelques détails près (condition météorologiques par exemple)



Les joueurs, quatre de chaque cotés, après avoir confronté leurs idées et tactiques ont arrêtés leurs ordres.
Sur le forum, chaque camp à accès à un fil de discutions sécurisé pour transmettre ses ordres à Montebello.
La bataille peut commencer.

Résumé global des ordres français pour 7h00 :

Oudinot : Le corps sera positionné en défense entre le village et le château de Sokolnitz.
Davout : Le corps sera positionné sur la route d'Austerlitz au Sud Est du village de Kritschen     
Murat :   Le corps sera positionné à l'Ouest du village de Girschkowitz
Songis : Le corps sera positionné entre les villages de Girschkowitz et Schlappanitz
Lannes : Le corps fera mouvement en direction du plateau de Pratzen
Bernadotte : Sécuriser la ligne d'opération depuis le Sud en empêchant un débordement ennemi sur le plateau
Bessières : le corps se dirigera vers Kobelnitz vous orienterez votre corps plein Est, direction le village de Pratzen que vous investirez....
Soult : la division Vandamme,  la 3éme division de dragons Beumont, la brigade Lavasseur, l'artillerie de la 3éme division d'infanterie et les 6 pièces de 12£ de l'artillerie à pied seront détaché de votre corps. A H+20mn Le reste du corps prendra une direction Sud Est vers Pratzen. Arrivée sur zone il adoptera une position offensive et engagera l'ennemi.

Vue approximative des ordres Français sur la carte 2D :



Résumé global des ordres austro-russes pour 7h00 :


Kienmayer : Défendre sur ligne Nord-Sud, en restant dans la pente Est de la colline au Nord
Dokhturov : déploiement à l'Est de Blasowitz  derrière la grande batterie en ligne
Liechtenstein : Défendre sur ligne derrière Kienmayer, légèrement en avant des batteries de Dokturov
Miloradovitch: Défense en ligne sur le Pratzen
Prebyshevsky : Défendre sur ligne derrière le corps de Bagration
Bagration : Défense sur ligne sur sa gauche
Constantine : Liaison au corps de Miloradovitch. par l'arrière. (40%du corps en réserve)
Langeron : déploiement  Nord Sud en défense derrière la grande batterie sur la ligne



Les ordres français se veulent résolument offensif. Fixer le centre coalisé et le rompre semble être la tactique retenue. En parallèle la cavalerie de Murat tentera d'harceler et de faire craquer leur aile droite soutenue pour cela par l'artillerie de Songis.

Au centre:
Miloradovitch a stoppé l'avance de ses troupes pour déployer ses batteries en 1er ligne Constantine est toujours juste derrière lui en soutien
Le centre russe est bien en place quand les corps de Soult et de Lannes arrivent au pied du Pratzen. La grande batterie fait des ravages dans les rangs français mais ces derniers tiennent leur position…pour l'instant

Au Nord :
Le corps de Murat arrive au contact de celui de Kienmayer et de Liechtenstein soutenu par l'artillerie de Dokhturov le choc sera rude !

Face à Murat, Dokhturov a investi le village de Blasowitz. Défendu sur son flanc droit par des détachements de Kienmayer et la cavalerie de Liechtenstein
Il à déployer une quarantaine de canons. Blasowitz pris par les russes est mis en défense

Au sud :
Bagration a stoppé l'avance des français en déployant ses batteries, mais ces derniers semblent augmenter en nombre et déploient eux aussi de l'artillerie.



Les français se trouvent donc face à une armée russe bien en place et solidement installée sur ses positions. Les charges de Murat, au nord, semblaient donner de bons résultats mais ont été, finalement, vigoureusement repoussées. La grande batterie d'artillerie russe déployée au centre tient en respect les corps de Lannes et de Soult.
Cependant les français insistent sur une percée au centre…qui se révélera fatale

Bagration reste en défense en essayant de contenir les français.
Le centre russe fait office de pivot, pour le moment immobile, en attente de l'évolution.
Au nord, les russes engagent un mouvement offensif puissant prenant appui sur le point de pivot du centre

A 9h00 l'aile droite russe composée des corps de Kienmayer et Liechtenstein, après avoir repoussés à plusieurs reprises les charges de Murat, amorce leur marche en avant…



Pour essayer de contourner l'aile gauche russe et la défense de Bagration, les français envoient Oudinot avec 6000 hommes par le sud des marais
Au Nord pour stopper l'avance russe et empêcher la rupture de l'aile gauche française Davout est envoyé en renfort







Le sort du Pratzen, au centre du champ de bataille est maintenant joué. Les assauts de Lannes ont été définitivement repoussés.
Appuyé par Constantine, Miloradovitch  installe ses canons au sommet du plateau et Lannes se replie en essayant de rallier les unités en fuite. Le 34éme de ligne s'est retranché dans Puntowitz.
Pour  éviter un effondrement de son centre et tenter de maintenir le front, les français font donner la garde, en réserve à Kobelnitz vers Pratzen, commandée par Bessière,
Désormais le seul espoir de renverser la vapeur, pour les français, réside dans l'encerclement de l'aile gauche russe…à condition de ces derniers soient contenus suffisamment longtemps au nord.
Soult et Bernadotte pèsent de tout leur poids sur le corps de Bagration soutenu par celui de Prebyshevsky en seconde ligne défensive.

11h00 Oudinot arrive à la sortie des marais. Le corps de Bagration est proche de la rupture il lui reste moins de 5000 hommes et le morale est au plus bas. Les corps de Soult et de Bernadotte font craquer cette ligne défensive. Mais Oudinot est encore loin et pour réaliser l'encerclement il lui faut maintenant revenir vers l'Ouest. Une course contre la montre s'engage pour les français !

Situation à 11h00




Au nord le corps de Murat est définitivement hors d'état de s'opposer à l'avancer de Kienmayer et  Liechtenstein.

Songis à perdu son artillerie et il ne reste que 2400 hommes à Davout. La situation est critique
Les troupes restantes dans ce secteur passent toutes en position défensive. Il faut tenir en espérant que le coup de poker au sud réussisse …et vite



La situation devient intenable pour Bagration au sud. Son corps se replie ainsi que celui de Prebyshevsky. Pour contenir cette percée française, et avant l'arrivée d'Oudinot, l'état major russe envoie en soutient des unités du corps de Constantine, depuis le Pratzen, et la cavalerie de la garde au devant d'Oudinot pour stopper son avance. Ce sera un succès.

Dans le nord, le corps de Langeron  appuyé par l'artillerie de Dokturov, profitant du trou dégagé par Liechtenstein et Kienmayer se rabattent sur le centre français.



Au centre, la position de Miloradovitch, au sommet du Pratzen, véritable pivot de l'armée russe permet de contenir tous les efforts français.
Langeron est sur le point d'encercler ce qu'il reste des corps de Soult, Bessières et Bernadotte. Ceux de Murat et Davout  n'étant plus en état de combattre.



Les français sont définitivement bloqués et acculés dos aux marais.
A 14h00, devant la menace d'encerclement général et les pertes subies,  ils demandent un cessez le feu aux coalisés. La bataille est terminée.

Un grand merci aux acteurs de cette bataille:

Pour les Austro-russes : Villeneuve (M) ; Soldat Louis ; Desaix ; bibouba
Pour les Français :         Bruguière ; Zucchi ; Belliard ; Pariente

Un grand merci également à lodi57 pour l'éclairage donné aux deux camps sur le fonctionnement et la gestion des corps d'armée dans Histwar
Et un remerciement spécial à Montebello pour sa patience dans l'intégralité de la gestion de la bataille sur le logiciel

Et Bravo à JMM pour Histwar !



Merci a Crash pour l'écriture de cette relation.
Merci à tous les participants qui ont découvert Les Grognards dans cette simulation.
Commencé avec Austerlitz, l'une des batailles les plus délicates de l'époque était un véritable challenge qu'ils ont relevé avec brio.

A suivre des relations haut en couleur des austro-russes...

JMM
« Modifié: 08 avril 2009, 23:53:21 pm par JMM »

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #3 le: 08 avril 2009, 23:35:09 pm »
Relation du Soldat Louis, vue de l'intérieur


Sur le plan de bataille initial:
Nous avions choisit de tirer le meilleur partis de notre supériorité (quantitative) en artillerie, du terrain et des spécificités des corps Russes. Le plan initial était de nous ancrer solidement sur la colline centrale du Pratzen et de refuser notre aile gauche. Le but étant d’obliger les F à nous attaquer sur un terrain défavorable (la colline) ou d’étirer leur front en venant nous chercher au Sud (au bout d’une longue courtine). Le terrain au Sud était propice à la défense car bordé d’une crête surplombant des marais ce qui interdisait toute tentative de débordement par le Sud (à moins d’un long détour). D’autre part, en ultime recours, les attaques Françaises Ouest-Est pouvaient être bloquées par une action Nord Sud. Ce dispositif devait nous laisser les mains libres au Nord pour des actions plus offensives basées sur l’avançée d’une grande batterie. Pour cela il fallait absolument nous assurer l’occupation de Blasowitz dès le début de partie. Cette manœuvre permettait en effet de ne pas exposer notre ancrage central avançé à des attaques simultanées. La conséquence étant de pouvoir concentrer tout notre effort sur le débordement au Nord.

Sur le placement des corps et les changements dans les odb avant la bataille:

Le corps de Kienmayer a été choisit pour la manœuvre de débordement au Nord : corps mixte avec de l’inf légère (chasseurs) et de la cav légère. ll a été considérablement renforcé en cavalerie et en infanterie pour le rendre plus solide. Dokturov a également été renforcé en artillerie de manière à aligner une grande batterie de 50 pièces environ, de la cavalerie lui a également été donné pour éclairer et protéger cette batterie. Langeron a été retenu comme masse de rupture à préserver en raison de la qualité de ses unités. Milodarowitch était lemeilleur choix pour assure l’ancrage sur le pratzen: corps peu mobile, grosse capacité d’artillerie mais de faible caliber, troupes de qualité médiocre mais en masse. La défense au sud pour Bagration doté de cavalerie pour retenir les F et éclairer, et Presbyshevsky en soutient. Constantine gardé en reserve pour Milodarowitch ou le Sud
A ce stade, le dispositif ne comportait pas de choix irrémédiables et comportait une prise de risque très limitée. C’est un peu normal car nous avions une position géographique et une vision avantageuse par rapport aux Français qui, eux devaient prendre des risques pour nous déstabiliser.


Maintenant voici mon témoignage « historique » sur cette journée vécue côté Russe :
 (mais J‘invite Bibouba, Villeneuve et Dessaix à témoigner indépendamment pour voir si on a eu la même perception)

Au petit matin, Le general Bibouba a réclamé le détachement de quelques unites de cav légères qui ont permis de se porter rapidement en avant de Blasowitz, elles se sont rapidement accrochées avec des unités de cav Françaises. Ces escarmouches au cours desquelles notre cav légère s’est brillamment comportée ont permis de ralentir suffisamment les reconnaissances Françaises pour nous installer dans Blasowitz et surtout pour déployer à temps notre grde batterie au Nord de Blasowitz, elle aussi en détachement du corps. Pendant ce temps Kienmayer, suivit de Liechtenstein amorçaient leur avance au Nord. A ce stade nous pensions attaquer le Santon (la colline au Nord) avec Kienmayer et ouvrir ainsi un espace libre au corps de cavalerie de Liechtensten. Nous voulions qu’il couvre le flanc droit de Dokturov et fasse planer une menace permanente sur les régiments français qui seraient venu vers nous. Ensuite il s’agissait de flanc garder Dokturov et de progresser lentement vers l’Ouest au rythme de notre artillerie. Langeron devait suivre derrière Dokturov

Les événements nous ont rapidement amené à modifier ces plans : L’arrivée, face à nous, de toute la cavalerie lourde Française associée à de l’artillerie et un peu d’infanterie nous a diablement surpris (j’aimerais bien connaître quelles étaient leurs intentions ?). L’action massive de notre artillerie a provoqué un sage renoncement et un retrait, non sans que leur cavalerie ne subissent dommages et fatigue qui allaient nous être bien utile par la suite. Nous avons alors beaucoup tergiversé pour savoir si il s’agissait d’un piège et nous avons entamé une progression prudente. Ceci d’autant que nous suspections la présence d’un corps complet derrière le Santon.
Pendant ce temps, toute la ligne de front s’était embrasée et le canon tonnait du Nord au Sud. Les F s’étaient déployés sur la colline Sud du Pratzen, notre cav légère les ayant retardé le temps que nos corps, ralentis par le relief et l’exiguité de l’endroit ne se mettent en place dans une grande confusion. Malheureusement certaines de nos batteries à cet endroit prirent trop d’avance par rapport au reste du corps et se retrouvèrent outrageusement exposées au feu des batteries Françaises qui ne cessaient de se mettre en place sur la colline en face de nous. Elles eurent quand même le temps de faire des dégâts terribles dans les rangs Français. En particulier une batterie de 12 livres assura pratiquement à elle seule la défense de la zone. Cette action a certainement contribué à mal engager l’affaire pour les Français dont les troupes se trouvèrent affaiblies avant même le premier assaut.

Au Nord, Les informations que nous avons reçues alors sur la supériorité de l’artillerie Française en matière de portée nous ont convaincus que si nous continuions à avancer trop doucement il y avait grand risque de se faire grignoter à distance par les batteries qui se découvraient au fur et à mesure et de laisser au F le temps de se redéployer. De plus l’empressement des F à reculer donnait à penser qu’il cherchaient à gagner du temps. Ceci nous a déterminé à changer brutalement de rythme et à leur coller au train pour protéger notre artillerie et surtout pour dégager un espace à Langeron et Dokturov afin de couper l’armée F en 2 sur un axe Sud Ouest. Ce fut une décision difficile à prendre car il n’était pas du tout dans nos intentions initiales d’opposer notre corps de cavalerie à la cavalerie Française que nous craignions par dessus tout. Cependant, à ce stade de la bataille Liechtenstein était idéalement regroupé et placé en plein dans l’axe du corps F et de ses batteries qui retraitaient, sans obstacles pour freiner la charge.
Nous étions conscient de demander à Liechtenstein un sacrifice énorme qui ne serait utile que si l’action était rapidement soutenue par un Dokturov arrivant à la rescousse en colonne de division pour bousculer tout ce qui pouvait le freiner. Liechtenstein a chargé sans réserve et a bousculé la cavalerie F, apparemment prise par surprise. Après un grand moment d’enthousiasme dans nos rangs, les gros talons F se sont reformés et Murat à chargé…
Les notres ont été rapidement refoulés. Heureusement la jonction avec Dokturov était faite et notre cavalerie à pu se reformer derrière nos rangs tandis que les cavaliers français subissaient pour la troisième fois consécutive les feux de nos canons. L’histoire au Nord s’est alors résumée en une vaste opération de nettoyage menée par Kienmayer, l’artillerie de Dokturov et Liechtenstein qui protégait notre flanc des attaques de harcèlements de Murat qui cherchait à ralentir le lent, très lent basculement de notre aile droite vers le Sud. Ce travail de Liechtenstein et Kienmayer a permis à Langeron et une partie de l’infanterie de Dokturov de conserver leur mobilité et de s’avancer au Sud Ouest pour se lier au pivot Milodarowitch. Très longtemps, nous avions eu peur que l’intention des F était de nous attirer loin vers l’Ouest pour nous percer (comme nous voulions le faire) au centre. Nous craignions également fortement la présence de la garde ou de Oudinot derrière  les collines au Nord Ouest.
La découverte de la garde en première ligne, en défense au centre, et le décompte des corps Français nous a convaincu que les Français avaient tout misé sur le Sud. Par ailleurs Milodrowitch avait repoussé sans broncher trois ou quatre offensives Françaises et on commençait à se dire que ça allait être du gâteau. Nous commencions cependant à nous inquiéter de la position du corps « fantôme ». Je me souviens qu’on avait évoqué la possibilité que les F étaient en train de barboter dans les marais mais on n’y croyait pas vraiment. La prise de notre Lop nous a mis en alerte et un mouvement de l’EM nous a révélé le corps de Oudinot en progression sur nos arrières. 
A ce moment, nous avons commencer à avoir des sueurs froides, car si notre confiance était totale au Nord et sur le Pratzen (quoique le harcelement de Murat et le nettoyage de Kienmayer prenait du temps et retardait la descente des corps sur la garde), la situation au Sud devenait terrible pour Bagration : les F avaient déployés une artillerie nombreuse sur les hauteurs en façe de  Bagration et nos rangs s’éclaicissaient rapidement sans qu’il soit possible de contrarier leurs actions par manque d’artillerie dans ce secteur et par la portée inférieure de nos canons surclassés. Bagration avait héroïquement repoussé deux offensives, mais c’était certain, il allait céder tôt ou tard.
Il restait Presbyshevsky derriere mais la découverte de Oudinot donnait à penser que les F n’allait pas tarder à tout donner dans ce secteur en combinant leurs actions. Il fallait pourtant se résoudre à arréter Oudinot et ceci fut fait en leur envoyant de la cavalerie de Constantine pour les retarder. La bataille allait se jouer dans ce duel : qui, de eux au Sud ou de nous au Nord, allait arriver à ses objectifs le premier.
Le grand défit pour nous fut de retenir la fougue de nos généraux qui brûlaient de faire donner Milodarowitch.
Nous décidâmes de ne tenter cela qu’en ultime recours, après que la garde eut été fixée par Dokturov et que Langeron soit en position de l’appuyer sur sa droite.
En  attendant, pendant que Constatine s’occupait de contrôler Oudinot, sans s’éloigner trop de Presbyshevsky- Fort heureusement car les offensives Françaises furent à deux doigts de perçer- Deux régiments de cavalerie détachés de Milodarowitch arrivèrent juste à temps pour arrêter les Français épuisés devant nos dernières défenses. Pendant ce temps la garde, trop avançée, était encerclée et reculait. Nous avions anticipé et donné l’ordre à Kienmayer de prendre les arrières des Français et, à ce qui nous restait de cavalerie, d’aller prendre leur 2eme Lop.

Les Français épuisés et proche de l’encerclement demandèrent alors une rédition honorable qui leur fut accordée.

Soldat Louis, Chateau d'Austerlitz le 3 Décembre

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #4 le: 08 avril 2009, 23:45:16 pm »
Extrait des mémoires du général Villenovski

"2 décembre 1805 7 heures du matin village de krzenovitch , position sud de l'armée austro-russe.

Mes troupes attendent en silence les ordres, l'inquiétude se lit sur les visages, la journée s'annonce rude. La peur tenaille les ventres et , tous, officiers et soldats, brûlent d'impatience d'entrer en action.
La brume nous entoure, une pluie fine caresse nos visages, la campagne tout autour de nous est silencieuse.

Moi même, pour ma première bataille, je ploie sous ma responsabilité: 2 corps sous mes ordres, ceux de Bagration et Prebyshevsky.
Le premier est imposant et sera mon avant garde, le second formera ma réserve ainsi en ai-décidé.Quant au plan d'ensemble, grand dieu merci, il a été confié au prometteur général Soldatlousevsky plutôt qu'a l'inexpérimenté Tzar.
Il sera simple mais souple.
Nos troupes ont été réparties de manière équilibrée sur l'ensemble du front de bataille, nous n'aurons pas de point faible. Mais le centre et le sud disposeront de plus de réserves et de cavalerie.
Car c'est au centre ou nord que nous devrons percer le dispositif français ainsi en a t-on décidé lors de notre conseil de guerre.

Je suis frigorifié lorsqu'enfin une estafette se présente devant moi.Je lis le message, il est laconique et simple:"En avant".

J'ordonne immédiatement aux généraux Bagration et Prebysshevsky d'avancer leurs divisions selon les dispositions prévues.
Quant à moi suivi de quelques officiers et cosaques je pars en avant , brûlant d'envie de reconnaître le dispositif français devant moi.
Les tambours résonnent dans cette froide matinée, mes hommes s'avancent en rangs serrés, quel spectacle admirable!
Mes régiments les uns après les autres se déploient sur la colline qui me fait face.
Bagration, mon meilleur officier, occupe finallement celle-ci sans encombres. Je le rejoins car pour l'heure je n'ai moi-même rien vu en face de nous. Nos rapports se rejoignent, pour l'heure tout est calme.
C'est à cet instant que les premiers coups de canons résonnent au nord, cette fois nous y sommes la bataille va commencer.
Nous ne croyons pas si bien dire! Devant nous, sur une colline qui nous fait face et qui est notre futur objectif, au sude du village de Pratzen, des canons français, profitant des premiers rayons de soleil, bombardent notre premiére ligne !
Enfin nous y voilà !!!!
Je reçois un quart d'heure après un premier message du général Soldatlouisevsky, il m'engage à tester avec prudence les français sur le grand mamelon face à moi.
Je prends sur moi d'avancer sur lui mais avec résolution et la ferme intention de m'en emparer.Ce sera ma première erreur de la journée et pas la dernière.En effet à cet instant j'y vois peu d'infanterie et beaucoup d'artillerie , je me dis alors que les français ont décidés de faire de leur flanc gauche une position défensive.

"Heh bien , soit! Voyons si les français tiennent face à la détermination de mes hommes.
30 Minutes après tout le corps de Bagration se lance à l'attaque.Les cosaques se placent sur notre flanc gauche, 2 de nos régiments de cavalerie, emportés par leur fougue se ruent avec bravoure sur l'artillerie française . Soudain une multitude de régiments français, apparaissent,  parfaitement formés en carré, et les reçoivent d'un feu dévastateur.

A notre tour nous repoussons des cavaliers français. Des 2 côtés l'artillerie s'affrontent dans un fracas assourdissant, je n'entends même plus mes aides de camp! Je hurle mes nouveaux ordres: retrait immédiat! Car l'infanterie française se masse devant moi. C'est maintenant un flot continu de régiments français qui s'avancent.Sans doute les corps de Lannes et Soult réunis!!
D'attaquant plein de verve me voici redevenu un défenseur aux abois! A la gloire qui m'attendait, c'est l'humiliation de la défaite qui m'attend.
Je me reprends, je suis un soldat et me doit d'accomplir mon devoir. Pris de rage guerrière je reforme les rangs et m'expose pour la première fois aux boulets français.La chose n'est point aussi agréable que je le pensais mais l'adrénaline m'envahit et emporte tout sur son passage, la peur n' a à cette instant plus de prise sur moi!
Mes hommes, pris un instant de panique se sont reformés , les officiers montrent l'exemple et vocifèrent leurs ordres.Quel courage! Nos soldats m'impressionnent! Tout en criant ils se reforment régiment par régiment, notre artillerie se déploie en entier sur le hauteurs et le duel d'artillerie devient terrifiant.Les boulets laissent de sanglants sillons dans nos rangs.
Alors un grand bruit de tambour se fit entendre. Les voilà !
Grand dieu ! les français avancent sur nous en rangs impeccables , je compte entre 4 et 5 divisions.Heureusement peu de cavalerie française soutient cette attaque, les français aussi commettent des erreurs qu'ils paieront très cher.
J'ordonne à mes artilleurs de stopper l'infanterie française.Les canons tonnent, les tirs deviennent plus tendus, les boulets glissent sur l'herbe enneigée, les français perdent alors des centaines d'hommes mais continuent d'avancer! Ce sont des braves assurément, mais mes artilleurs n'en démordent pas, malgré les tirs de l'artillerie française qui continue à s'acharner sur eux, ils  se sacrifient pour leur mère patrie.
Enfin les français reculent puis s'enfuient laissant plus de 3000 hommes sur le terrain!!!
Nous crions victoire!!! ...un peu trop vite car déjà une 2 éme vague d'assaut se ruent sur nous.Nos artilleurs finissent eux aussi par disparaître sous le feu des terribles Gribaugeois français, mon artillerie n'est plus qu'un lointain souvenir, dieu merci nos régiments d'infanterie n'ont pas besoin de se mettre en carré et peuvent accueillir la deuxième attaque ennemie dans une ligne impeccable.
Après nos canons se sont nos fusils qui causent de bien lourdes pertes à ceux d'en face.Mais ces diables de français ,avec un courage qui même encore aujourd'hui reste gravé dans la mémoire, nous chargent à la baïonnette!!!!  Certains de mes régiments s'effondrent mais d'autres tiennent avec un sens du devoir exceptionnel et alors le miracle se produisit , les régiments français , un à un , partent en déroute!!!
A nouveau nous crions victoire mais à nouveau nous déchantons!!!
Profitant de ces combats et de la destruction de mon artillerie, les artilleurs français en ont vilement profité pour s'approcher de nos positions et lorsque l'infanterie française retraita se réorganiser, l'enfer commença.
Mes hommes reformés en ligne subirent de la part des français un feu roulant et ininterrompu qui causa parmi mes hommes d'affreuses souffrances.Je sentis alors le lourd poids qui mortifie l'officier:la solitude des responsabilités...
Que faire?? Reculer en ordre de bataille face à des canons? Ce serait folie! Avancer face aux canons et à une infanterie toujours en état de combattre? Folie suicidaire!!
Alors je pris une décision lourde de conséquences:Tenir sur place.L'émotion m'étreint et je dus cacher mon écœurement devant ce spectacle en feignant "le petit coin"(qui n'était pas vraiment une feinte d'ailleurs, diable de trouille).
C'est alors que je reçus des nouvelles du reste du front.Au nord nos braves soldats semblent progresser inexorablement! Magnifique!
Au centre Milodarovich a repoussé un assaut français.
Je reçus aussi un rapport qui faisait état d'un mouvement de flanc d'un corps français.Foutaises ridicules! et je jetais ce rapport aux orties! Un officier du général Biboubavsky m'informe que son supérieur s'inquiète réellement de la chose.
Bon d'accord je décide d'envoyer un régiment de cosaques voir ce qui se passe , on m'informe alors qu'ils se reforment plus loin, fatigué de cette discussion de la balaie d'un revers de mains, au diable Biboubavsky! Ici c'est moi qui commande.Ha la vanité des hommes , j'appris ce jour ou conduit la vanité: au désastre ou pas loin....
30 minutes passent, l'artillerie française continue son feu roulant sur nous. "Ils ne sont jamais fatigués ces artilleurs français!!???" vocifère le bouillant Bagration prêt de moi.Son corps n'existe plus et seul Prebyshevsky nous sert de "front" avec ces 4 malheureux régiments!

C'est alors qu'un cosaque s'avance il m'annonce avec son accent caucasien: "mon général on a les français au cul".

C'est avec stupeur que, effectivement, au loin, à l'est , une fumée trahit la présence de tout un corps français . Ce corps a visiblement contourné le marais du pratzen. Folie! C'est folie que de tenter une telle marche de flanc et pourtant les français l'ont fait.
Ce sont des diables!
La surprise passée, je me reprends et claque mes ordres....en fait d'ordres j'envoie des estafettes prévenir le général Soldatlouisevsky que comme l'avait pressenti le général Biboubavsky , les français ont un corps entier sur nos arrières.
A cet instant le destin de toute l'armée russe appartient à un seul homme et je n'aurai pas aimé être à sa place.Cet homme, notre valeureux général Soldatlouisevky prend alors les décisions qui vont précipiter la défaite de l'armée française.
Sur maintenant qu'un corps français manque aux troupes qui s'opposent à notre attaque principale , il ordonne que celle-ci soit générale!!Les généraux Desaixvsky et Biboubavsky vont exécuter les ordres à merveille.
Quant à moi et mon désormais double problème .... notre commandant en chef donna l'ordre à la garde de Constantine de se déployer sur mes arrières, de faire front à Oudinot(le corps sur nos arrières), en même temps Milodarovich restait notre pivot sur le pratzen autour duquel nous attaquions ou defendions.
Ces ordres furent décisifs, à ce moment de la bataille , je chutai, mon cheval tué par un boulet français.A l'image de mes troupes je finissais cette bataille misérablement.

A 14h30 j'apprenais que la victoire était à nous.
Ma premiére pensée ne fut point de la joie et j'en fus le premier étonné.Le sacrifice de mes hommes innonda mon esprit et les larmes m'étreignirent.
On me dit alors que la guerre était fini mais je n'en crus rien, je venais de voir les français se battre et j'étais sur qu'ils reviendraient dés l'été prochain.Ils n'avaient perdu qu'une bataille , l'"histwar" ne faisait que commencer...

Villenovski



Merci pour ces relations qui me rappellent par de nombreux cotés celles que j'ai pu lire sous la plume d'officiers ayant réellement fréquenté les champs de bataille.. Merci et Bravo.

JMM

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #5 le: 09 avril 2009, 18:59:31 pm »
Compte rendu de bataille du général Bibouba à son Excellence le Généralissime SoldatLouis des forces alliées

Votre Excellence,

Les différents chefs de corps d’armée se sont réunis la veille au soir le 1er décembre 1805 pour valider le plan à exécuter le lendemain. L’ensemble du dispositif allé du nord au sud avec sur toute sa longueur un corps d’armée en première ligne et un second en arrière du premier formant ainsi une réserve. La plus grosse partie de notre cavalerie se trouvait au nord du dispositif, là ou le terrain se prêtait mieux au charge de cavalerie.

La manœuvre exposée était de créer un espace au nord, de façon à permettre au troupes de pivoter vers le Sud et de prendre l’ennemi sur le flanc. En résumé attaque principal au nord avec corps en position défensive au centre et au sud.

Pour ce résumé de la bataille je me contenterai de décrire ce que j’ai pu voir de mon coté.

L’on me donna le commandement des corps de Dockturov (première ligne) et de Langeron. (réserve). Le corps de Dockturov était composé pour l’ensemble de nombreux régiments d’artillerie, 64 pièces (certains régiments d’artillerie d’autres corps avait étaient même détachés pour renforcer la puissance de feu). Quelques régiments d’infanterie et un corps de cavalerie complétés l’ensemble de ce corps. Ce corps devait constituer une grande batterie qui devait être le fer de lance de l’attaque au nord. Le corps de Langeron était composé pour l’ensemble de nombreux régiment d’infanterie de très bonne qualité complété d’un régiment de cavalerie et d’un régiment d’artillerie.

L’objectif qui m’était initialement assigné était de m’emparer au plus vite du village de Blasowitz afin d’avoir une bonne position de résistance puis ensuite de déployer ma grande batterie à la hauteur du village. Pour ce, l’infanterie et la cavalerie du corps de Dockturov  furent détachés avec ordre de se rendre au plus vite sur le village avec au devant les tirailleurs. La cavalerie devait se disposer en ligne de façon à faire écran et cacher l’artillerie. Elle devait avancer le plus rapidement possible et porter sa reconnaissance au plus loin. L’artillerie elle se porterait ensuite à la hauteur du village une fois investi. Le corps de Langeron restait en arrière.

Très vite, le régiment de cavalerie partit en reconnaissance (Hussards de Rosenberg) se heurte à la cavalerie française qui prenait la direction de Blazsowitz. Après un vif échange, les deux corps de cavalerie repartirent vers l’arrière mais permettant à mes autres régiments de pouvoir encore avancer.

Ensuite la partie se déroula très vite. Devant nous se dressaient d’innombrables régiments de cavalerie qui pouvaient culbuter très rapidement tout le corps de Dokturov dont l’artillerie n’était pas déployée. J’envoyais l’ordre à tout les régiments détachés de se lier à nouveau au corps, sauf à un régiment d’infanterie qui devait continuer sa route sur Blasowitz. L’artillerie fut déployée en grande batterie. Je demandais également une protection de régiments de cavalerie au généralissime Soldat louis pour m’aider en cas de charge massive.

Charge ennemi il n’y a pas eu. la grande batterie entra en action et causa des pertes terribles à l’adversaire. Blasowitz fut investi.

Pour le reste de la bataille jusqu'au début de l’après midi, l’action du corps de Dockturov consista à balayer toute menace au nord et je demandais à Langeron de revenir de sa position arrière pour renforcer le dispositif.

Une fois la menace au nord écartée, les corps de Dokturov et Langeron devaient pivoter par rapport au centre de notre dispositif de façon à se placer en équerre et prendre les corps ennemis disposés au centre en étau, ou tout au moins les attaquer sur leur flanc.

Mes corps furent alors au contact de la garde française qui était assaillie de tous cotés. La grande batterie qui avait quand même souffert se redéploya pour les arroser de notre bonne fonte russe et langeron dont le corps était frais et sans perte partie à l’assaut.

A 13h45, seuls le 1er grenadier et la Garde royale italienne tenaient encore mais ces troupes étaient totalement encerclées.


Peu de temps après un cessé de feu de la part des français nous arriva signe que la bataille était gagnée.



Ce document est ajouté aux archives militaires de St Petersbourg....

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #6 le: 13 avril 2009, 17:06:12 pm »
Londres,
Provinces anglaises de France,
Le 1er avril 1826.



Chapitre II : La Bataille de Puntowitz.


Le 1er décembre 1805, le Général en Chef des Forces Françaises Bruguière, avait conduit la Grande Armée jusque dans de lointaines terres, au Nord de Vienne. De fait, la capitulation des Autrichiens à Ulm, avait amené le maréchal Kutusov à reculer avec les débris de l’armée de François Ier. Cependant, l’arrivée de la seconde armée russe avec à sa tête le prétentieux Alexandre. La situation était tendue car le « tsar de toutes les Russies » avait cédé le commandement de son armée à un jeune général prometteur, exilé français : Soldat Louis (nom auquel les orthodoxes ajoutent leur terminaison « vsky »).

La bataille finale de cette campagne devrait donc se jouer autour de ce village qu’est Pratzen, et du plateau qui le surplombe. Notre plan d’attaque consistait en cela :
- au Nord, les corps de Davout, de Songis et de Murat devraient tenter une diversion pour amener les Austro-Russes à y concentrer leurs forces, loin de notre axe principal d’attaque.
- au Centre, le corps de Lannes devait se ruer sur une proéminence que le maréchal Belliard appela gracieusement « Colette ».
- au Sud, Soult serait sur une autre proéminence, avec le Généralissime Bruguière, et constituerait un bon secours au Centre, comme à l’Est, là où devait se dérouler noter offensive. Bernadotte devait être au Sud de Soult pour se lancer contre les Russes, sans qu’ils puissent bénéficier d’un appui par l’Est à cause des marais.
- à l’extrême-Sud, le maréchal Oudinot devait traverser les étangs en passant au Sud du village d’Augezd.
- la Garde Impériale était en réserve.

Nous avions modifié les organisations de nos corps afin de rendre notre offensive au Sud possible : la division Kellermann (appartenant au corps de Murat) était assignée au corps de Bernadotte, et deux régiments de cavalerie de la Garde rejoignirent Oudinot à 8 heures et 30 minutes.

Le déploiement débuta à 7 heures précises. Le ciel était clair, et le temps sec, malgré le froid qui nous mangeait les os. Déjà, nous pouvons émettre une critique de notre propre plan : une offensive au Sud, ne devait pas être associée à une diversion au Nord et à une autre offensive au Centre ! Il faut dire que nous comptions 150 pièces d’artillerie, alors que l’ennemie en possédait 300. Ajouté à l’avantage du terrain des Coalisés, notre plan d’action était trop fougueux. De plus, un souci de transmission d’ordres avait amené le corps de Bernadotte à ne pas recevoir les 1500 cavaliers de la division Kellermann (dont un régiment de cuirassiers).

Deux erreurs de la part des maréchaux Bernadotte et Lannes se produisirent à 7 heures et 10 minutes : Bernadotte ne faisait pas route vers l’Est, mais vers le Nord-Est (toutefois, ceci permit de cacher son corps de la vue de Soldat Louis), et Jean Lannes devait faire avancer sa cavalerie à toute vitesse sur le mamelon, avant que l’artillerie ennemie ne s’y trouve. Cependant, vraisemblablement, ses cavaliers se trouvaient loin du sommet du mamelon, et ils furent bombardés par les canons russes présents en nombre. Le premier assaut de Lannes fut repoussé jusque dans les jupes de Soult.

D’autre part, au Nord, les trois corps avançaient, menés par le brillant maréchal Zucchi. Mais à 7 heures et 45 minutes environ, les forces coalisées se présentaient devant lui, avec une énorme concentration d’artillerie, probablement menée par le maréchal Biboubavsky.
Ce fut ma première réelle expérience militaire. Soult fit tonner ses canons sur les Russes au pied de la colline sur laquelle nous étions, avec Bruguière. Plus au Nord, nous voyons le corps de  Lannes de part et d’autre de « Colette », en train de se faire bombarder, dans une cuve.
A 8 heures précises, Oudinot étaient devant les étangs, et Bernadotte qui ne comprenait toujours rien de ce qu’on lui disait, avait placé son corps dans celui de Soult ; Murat s’était replié avec Songis, mais Davout était plus lent, car son corps comptait un grand nombre de régiments d’infanterie.

Une demi-heure plus tard, Lannes semblait avoir perdu la moitié de ses hommes, et Soult avait également souffert car son aile gauche et son centre étaient dans la cuve. Murat était à Schlappanitz, Songis à l’Est du même village, et Davout à égale distance entre Kritschen et Bosenitz, cependant le 15ème régiment de dragons fuyait les combats. Oudinot n’avait toujours pas traversé les marais (la lenteur d’exécution ou l’absence de réception des ordres fut et est toujours un mystère pour moi, elle causa notre défaite plus que nos erreurs de déploiement). Le corps de Bernadotte, dont j’avais pris le commandement descendait enfin du GQG. La cavalerie de la Garde faisait route vers Oudinot qui, nous le verrons, eut grand besoin de celle-ci.

A 9 heures, la situation semblait irréelle : Lannes ne comptait plus qu’un tiers de ses effectifs (5000 hommes) sans artillerie ni cavalerie. Davout avait perdu la moitié de ses régiments d’infanterie, sa cavalerie n’était plus sur le champ de bataille et il ne possédait plus que deux compagnies d’artillerie. En revanche, au Sud, l’avancée du corps de Bagration avait été arrêtée et sa grande batterie avait été entièrement détruite. J’avançai. Oudinot était seulement dans les marais. Et Soult perdait toujours autant d’hommes maintenant que les Austro-Russes étaient présents en masse sur « Colette ».

A 9 heures et demi, mon corps se plaçait entre Soult et les étangs, là où il aurait dû se trouver il y a deux heures. Soult était toujours dans la cuve, et d’après les nouvelles reçues par le maréchal Belliard, Davout n’était plus. Un quart après, Bruguière se trouvait à Schlappanitz, observant l’avancée des Russes : une cinquantaine de canons environ, et douze mille hommes, au minimum, avec les trois mille cavaliers de Liechtenstein. Soult trempait toujours dans la cuve, et le corps de Bernadotte que Bruguière avait définitivement retiré de ses fonctions, avançait enfin.

A 10 heures, Soult était intégralement dans la cuve, et le maréchal Belliard tentait de faire reculer ses régiments. Au Nord, Liechtenstein s’était aventuré un peu trop loin et d’après ce que j’appris, le maréchal Zucchi, à la tête du corps de Murat se lança à l’assaut (avec notamment la division Kellermann, qui devait se trouver en soutien de Massonnière et de la Boucharderie). Oudinot progressait mais les cavaliers de la Garde ne semblaient pas comprendre qu’il fallait qu’ils sortent des marais puis qu’ils le rejoignent. Pour ma part, j’étais en violents combats avec Bagration.

Un quart d’heure s’était écoulé et les cavaliers de Zucchi venaient de rencontrer les Autrichiens pour les sabrer. Soult se lançait à l’assaut de « Colette ». Je me souviens de la raison qui nous a poussés à y envoyer 24 000 hommes : nous ne voyions pas les Russes dessus. Pour ma part, nous avions repoussé la première ligne de Bagration et mon artillerie faisait feu pour les forcer à reculer désormais.

A 10 heures et demi, Zucchi avait mis en déroute la cavalerie de Liechtenstein, mais il tombait nez-à-nez à une grande batterie russe qui massacra une partie de son corps d’armée. Oudinot était à mi-chemin et sa cavalerie avait apparemment reçu nos nouvelles instructions, fort heureusement. Quant à notre offensive, elle fut repoussée et nos ordonnâmes que Soult se replie sur les pentes du GQG, et que Lannes se replie vers le Sud-Ouest.

A 10 heures et 45 minutes, Zucchi avait fait retraite entre Schlappanitz et Puntowitz, protégé par la Garde à sa droite, et par les batteries de Songis à sa gauche. Les coalisés étaient à Girschkowitz. Etrangement, Lannes et Soult étaient encore intégralement dans la cuve, tandis qu’Oudinot était presque arrivé au bout des marais, attendant que le dernier régiment de cavalerie le rejoigne. Pour ma part, j’ordonnai que l’on ménage l’infanterie et que l’on privilégie le bombardement (et les tirs de contre-batterie si de l’artillerie se présente).

A 11 heures, Lannes et Soult demeuraient dans la cuve ; Oudinot était en position, prêt à foncer sur les arrières de Bagration (les Russes avaient alors perdu une Ligne d’Opération). Fort heureusement, Oudinot s’en tint au plan et vint après achever Bagration pour se joindre à moi. Un quart d’heure après, les Autrichiens étaient sur Songis ; Lannes faisait enfin route vers Kobelnitz. De mon côté, la seconde ligne russe agonisait, avec une batterie sans boulets et un régiment d’infanterie. J’ajoute que les 94ème et 95ème régiments d’infanterie de ligne rejoignaient le corps et que 6000 hommes du corps de Soult (13ème, 14ème et 26ème régiments d’infanterie) se sont dirigés vers moi, sur une initiative de Bruguière. Oudinot était  en marche. Jusqu’à 11 heures et 45 minutes, Zucchi s’était lancé contre les Autrichiens, et sa deuxième charge avait réduit ses effectifs à 1700 cavaliers en fuite. J’envoyais, d’après les informations que j’avais glanées, un compte-rendu des pertes françaises au Généralissime dont j’ai gardé une copie :
« Sur les 76 776 soldats, il en reste 54 172, soit 22 604 hors de combat.
En détails :
Sur les 60 310 fantassins, il en reste 47 933, soit 12 377 hors de combat.
Sur les 13 606 cavaliers, il en reste 10 057, soit 3 549 hors de combat.

Le corps de Lannes a particulièrement souffert avec quelques 9 342 soldats hors de combat, soit 41% des pertes à lui seul. Attention, je ne sais pas dans quel corps la cavalerie ayant changé de commandement compte parmi les pertes, alors, ce nombre est à prendre avec prudence.
Le corps de Davout a été violemment malmené : 5 135 soldats hors de combat. »

A midi, Lannes était à Kobelnitz, Soult sur les pentes du GQG, Oudinot se présentait sur l’arrière des russes, mais devait faire feu contre de la cavalerie au Nord, à Krzenowitz, sans toutefois oublier sa mission. Songis et Davout étaient détruits, Murat ne comptait que le 9ème régiment de hussards et le 2nd régiment de cuirassiers. La Garde allait donner.

A 1 heure, les débris de Bagration s’apprêtaient à rejoindre ceux de Prebyshevsky, dont la première ligne avait été emportée par notre artillerie et nos tirs de contre-batteries que nous avions privilégiés. Cependant, les Autrichiens étaient à Schlappanitz et le 2nd régiment de cuirassiers, avec Zucchi se précipitait vers Marxdorf pour protéger notre ultime Ligne d’Opération. Qu’importe, la Garde n’avait pas encore donné, et les 5000 à 6000 hommes de Prebyshevsky refluaient, pris en tenaille au Sud-Est et au Sud-Ouest. L’espoir n’avait pas disparu, et la chance semblait avoir changé de camp ! Nous imaginions déjà ce que nous ferions : l’aile gauche russe n’existait plus, et de leurs réserves il ne restait que le corps de Constantine, que je soupçonnais de se trouver un peu plus au Nord. Une course de vitesse devait s’engager, et les Russes sur « Colette » auraient été pris sur trois côtés.

Un quart d’heure après, la Garde donna et mit en fuite deux régiments russes. Mais au Sud, la situation me fit prendre conscience de l’absence de Kellermann : les cavaliers russes ont failli encercler Oudinot, si celui-ci n’avait pas bénéficié de la cavalerie de la Garde. C’était Constantine qui venait tuer les derniers espoirs de victoire. Conscient de la difficulté de la situation, je fis reculer le corps de Bernadotte et Oudinot se désengageait aussi progressivement.

A 1 heure et 45 minutes, il ne restait que le 1er régiment de chasseurs de la Garde au Centre, et le 2nd régiment de cuirassiers à l’Ouest. Oudinot était désengagé, et sa cavalerie s’était ralliée. Mon corps était de nouveau en ligne et prêt à retourner sur les Coalisés.

A 2 heures, comme l’avait prévu le maréchal Zucchi dont la bravoure ne put plus être mise en doute, nous fûmes vaincus. De fait, nous aurions pu tenter un ultime assaut à l’Est, mais la Garde avait lâché, le 2nd régiment de cuirassiers avait été chargé par des forces au moins deux fois plus importantes et notre dernière Ligne d’Opération allait s’écrouler. De plus, Bruguière fut obligé de rester avec Oudinot sans pouvoir rejoindre Soult à cause de la cavalerie ennemie. Alors, il envoya cette lettre aux maréchaux Belliard, Zucchi et à moi-même :
« Bien, 

Mes amis, ou ce qu'il en reste...........

Conformément à ce que prévoyait le maréchal Zucchi, 14h00 sonne la fin de nos espérances....

Les derniers rapports sont catastrophiques............

Notre offensives Sud, menée par les généraux Bernadotte et Oudinot sous la férule du brillant maréchal Pariente à échouée............
Ces troupes sont arrêtées et faute de renfort, elles ne peuvent plus attaquer, et donc, plus renverser la situation....
Sur notre aile gauche, les troupes des généraux Davout et Songis sont anéanties depuis déjà un certain temps et le régiment survivant du général Murat vient d'être agressée tout prés de notre ultime ligne d'opération... Le maréchal Zucchi qui en avait la charge est semble t il tombé au combat...
Honneur à lui...
Les forces du Centre, sont toujours en défense et ce qui reste des troupes des généraux Lannes et Soult, ne peuvent plus faire pencher la balance, et ce, même si elles ont vaillamment combattu sans leur charismatique leader le maréchal Belliard mort aux champs d'honneur...
Des troupes dont j'avais la charge, il ne reste presque plus rien, la Garde a cédé à Puntowitz, ouvrant la voie aux cohortes russes....
Je suis moi même isolé au Sud de Krzenowitz protégés par mes fidèles grognard dirigés par le général Oudinot...

Je me prépare au pire............
Mon orgueil et mon aveuglement ont précipités mes soldats et mon pays vers la ruine....
Demain, les habits vert pourraient parader à Paris....

Je ne peux m'y résoudre.........

Maréchal Pariente, fidèle parmi les fidèle, je porte seule la responsabilité de ce désastre et je vais me rendre accompagné des chasseurs de la Garde, afin de me constituer prisonnier au château d'Austerlitz..

Je vais plaider le salut pour mes valeureux grognards.....

Si je devais périr ou échouer, il vous appartiendra mon très cher cousin, de rentrer en France avec le plus de troupes possible...

Vive l'armée !!!!

Vive la France !!!!!

Adieu.......................................
               
                                                                                          B. »

Le plan russe n’était pas d’un génie particulier, et vraisemblablement, nos erreurs et les problèmes de communication ont causé notre perte, bien plus que les manœuvres des Coalisés.
Bruguière alla se rendre à Austerlitz après que Soldat Louis ait accepté, et je fis faire retraite à notre armée diminuée de la moitié de ses effectifs et du plus grand de ses chefs.
   
Maréchal Pariente.

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #7 le: 13 avril 2009, 17:15:31 pm »
Osterode,
Pologne,
Le 22 Février 1807,



« Souvenirs du désastre de Puntowitz ».

Nous y étions, après des semaines de marches forcées et de parties de cache-cache avec les coalisés, ils étaient là, de l'autre cotés du plateau de Pratzen, sous le commandement du jeune mais prometteur général Prince Soldatlousevsky, un émigré français qui par romantisme avait rejoint le Tsar...

J'avais tout prévu, un plan simple mais éprouvé, des maréchaux expérimentés et braves, des généraux dévoués et compétents......

Une diversion au Nord, censée fixer et étirer le dispositif ennemi et « éparpiller » leur artillerie supérieure, en nombre, à la notre...
Un contournement au Sud, afin de les tourner et de forcer à dégarnir leur Centre pour protéger leur ligne d'opération....
Et, enfin, une percée au Centre pour les couper en deux....

Trop ambitieux, trop complexe, trop offensif............. Si j'avais su.................

Très vite, le talentueux et réfléchi maréchal Zucchi se porta volontaire pour commander nos forces du Nord, il reçut les corps des généraux Davout, Songis et Murat.....

Le Sud revint au fougueux maréchal Pariente qui contrôlerait les corps des généraux Bernadotte, (renforcé par de la cavalerie fournie par Murat) et Oudinot, (renforcés par de la cavalerie fournie par le général Bessières).....

Quand au Centre, je le confiais au populaire et téméraire maréchal Belliard qui prit la charge des corps des généraux Soult et Lannes....

Je restais, pour ma part, à la tête de la Garde du général Bessières...

Je passe rapidement sur cette péripétie qui amena un instant mon cousin Zucchi à posséder les plans ennemi et à les renvoyer à l'expéditeur sans même les avoir lu....
C'est un officier honorable et loyal, son attitude est noble, (pour ma part, j'en aurais volontiers pris connaissance)...

A sept heures, le jour était levé, la nuit avait été longue froide et tendue....
Tout allait trop bien......

Mon intuition ne tarda pas à se vérifier, dés les premiers minutes je fus saisi de stupeur en apercevant, au Sud, cet imbécile de Bernadotte se déployer n'importe comment.....
Cet officier, que je n'aimais guère, avait pour habitude d'interpréter mes ordres à sa guise...
Je constatai cependant, qu'Oudinot était en route...

Zucchi faisait avancer ses troupes au Nord.....
Hélas, ses dragons partis pour éclairer le terrain devant lui ne revinrent jamais et sa diversion fut trop franche...
Rapidement, je pu constater qu'il était engagé par des troupes nombreuses mixtes et mobiles...
la cavalerie de Murat subit, hélas, un bombardement durant de longues minutes avant de retraiter...

Au Centre, le valeureux Belliard avait lancé Lannes à l'assaut de la colline centrale, baptisée « Colette » par son état-major, il comptait sur ses dragons pour s'y ruer et y constituer une tête de pont laissant le temps à son artillerie à cheval de prendre place, puis à son infanterie de monter...

Très vite je déchantai en comprenant que les coalisés étaient arrivés les premiers et que les dragons de Lannes avaient été hachés menu par les canons Austro-russes...
Il fallut ensuite des heures pour désengager ces troupes de ce bourbier...

La suite allait être pire.....

Me rendant au Nord afin de réorganiser le dispositif, la diversion avait trop bien fonctionné et il fallait maintenant se replier en bon ordre afin d'attirer l'ennemi vers l'Ouest, je pu apercevoir une partie du dispositif ennemi : Beaucoup de cavalerie, sans doute les corps de Kienmayer et de Liechtenstein et derrière de l'infanterie, surement Langeron...

Tout n'allait pas si mal me dis-je......Il tiendront.....

Stupide appréciation : Vingt minutes plus tard, alors que j'étais de retour au sud, une estafette m'appris que Davout avait perdu les deux tiers de ses hommes et qu'un duel d'artillerie s'était engagé entre Songis et la grande batterie de Blasowitz....

Lannes souffrait toujours autour de Colette...
Quand à Soult, il était à Pratzen et à son Sud, et avait repoussé les assaut de Bagration, afin une bonne nouvelle.....

Bernadotte comprenait enfin son rôle et Oudinot lambinait dans les marais suivi par un trop lente cavalerie....

L'heure qui suivit fut du même acabit....

Davout reculait, saigné à blanc, Songis n'avait pu faire parler la supériorité de l'artillerie français et devait faire repli....
Cette retraite lui couta cher étant donné l'immobilisme de Murat qui laissa les cavaliers autrichiens sabrer nos artilleurs sans réagir....

On verra qu'il se rattrapera....

Lannes était exsangue.....Incapable de se reformer, ses unités se débandant les unes après les autres....

Oudinot n'avançait pas....

Seul, pour une fois, Bernadotte donnait satisfaction, sans doute la prise en main directe de ce corps par le maréchal Pariente explique cela....
Il avançait sur le plateau et les habits verts reculaient...

Dix heures...
Ce fut l'heure où les chose semblèrent, un instant, tourner en notre faveur....

Au Nord, Davout céderait, ce n'était qu'une question de temps, Songis reçut l'ordre de le soutenir....
Tout temps gagné là nous serait utile ailleurs.....

C'est alors que le noble Zucchi me fit parvenir un message me suppliant de faire donner la cavalerie de Murat afin de casser l'avancée ennemie....

Je fus bien inspiré, cette fois, d'accepter.....

Cette charge est, sans doute, le plus beau moment de cet engagement....
Les coalisés reculaient....

Nous allions, puisque le Nord tomberait, l'abandonner et faire basculer le dispositif sur un axe Ouest / Est....

Bessières allait monter sur Puntowitz et Lannes se replier sur Kobelnitz.....
Soult allait monter sur les hauteurs au Sud de Pratzen et Pariente poursuivre vers l'Est...
Et même si la cavalerie d'Oudinot avait fait le choix étrange de suivre son infanterie en restant dans les marais, elle finirait bien par en sortir et rejoindre son corps...

Cependant, les choses ne se passèrent pas, tout à fait, comme cela....

Soult eut beaucoup de mal à appliquer ces ordres, j'avais mal pris en compte l'inertie de cette masse de plus de vingt mille hommes.....

Il du, inutilement, attaquer « Colette » et y perdre des hommes et du temps....
Les canons de Milodarovitch et Dokhturov y creusèrent le sombres tranchées....

A onze heures Oudinot était, enfin, sorti des marais et avait pris la ligne d'opération ennemie...

Il obliqua pour rejoindre Pariente, et finir Bagration, et derrière lui, Prebyshevsky....

L'espoir renaissait, une fois que, Bessières, Lannes et Soult seraient place, Belliard pourrait détacher prés de sept mille hommes du corps de Soult et les lancer à la suite de Pariente....
Les coalisés n'avaient plus en réserve que le corps de Constantine.....

A midi.....
 Lannes, Bessières et Soult étaient, enfin, en place....
Cependant, Davout et Songis étaient anéantis et Murat réduit à sa portion congrue...

Les forces ennemie du Nord pouvaient se retourner vers le Sud......
La Garde devait les contenir

Et notre offensive tournante me direz vous ?

Une traitrise, un coup de génie de nos adversaires, les historiens trancheront....

Toujours est il qu'Oudinot était attendu.....

Cela n'empêcha pas Pariente d'enfoncer Prebyshevsky et d'avancer encore...
Zucchi chargea encore et encore et finit par se replier non loin de Marxdorf...
Belliard attendait l'ennemi de pied ferme...

Un peu après treize heures,

La Garde de Bessières était engagée par l'ennemi, notre seule chance était d'accélérer le mouvement à l'Est et d'engager Constantine...

Et là, le rapport que je reçu, transforma mes sentiments pour Bernadotte....
La haine succéda au mépris...

Ce jean-foutre avait renvoyé, dés le début des opérations sa cavalerie auprès de Murat, prétextant une incompatibilité d'humeur avec un officier...

Cela explique en partie, la qualité des charges de Murat, mais eut, là, une autre conséquence...

Il avait suffi à Constantine de nous envoyer deux ou trois régiments de cavalier pour stopper Pariente et ses renforts, la cavalerie d'Oudinot mise en fuite compléta le tableau...

Nous tentâmes une fois encore de nous adapter en adoptant une position défensive le temps de rallier notre cavalerie, mais alors que mon quartier général était dangereusement isolé prés de Krzenowitz, les nouvelles arrivèrent :

La Garde avait cédé, Belliard et Zucchi étaient peut-être tombés au combat...

Je dus, vers quatorze heures, après en avoir discuté avec Pariente pleurant de rage, et afin de sauver la Grande Armée, me résoudre à me rendre, m'offrant en trophée au coalisés....


Je raconterais dans un autre chapitre, comment je fus reçu très courtoisement par les autorités Austro-russes, comment je fus détenu sept long mois a Vienne, et, comment mes amis Pariente, Zucchi et Belliard, (bel et bien vifs), fidèles a leurs serments, après avoir regagné Paris et re-organisé l'Armée, sont venu m'y libérer...


Le souvenir de cette bataille est atroce, mais.....................L'heure de la revanche est proche.....................

                                                                                        Bruguière...............

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #8 le: 13 avril 2009, 21:10:26 pm »
Belliard :

De l'endroit ou je me trouvais.

Puntowitz, 7h00 du matin. Le vent froid fouettait nos visages et sous les pales rayons de soleil j'apercevais l'éminence qui nous faisait face...et que nous devions conquérir.

Les ordres étaient simples, envoyer les dragons le plus vite possible sur  la colline appelée Colette. Former une tête de pont , tenir jusqu'à l'arrivée de l'infanterie.
Notre but étant de disputer la position pour ne pas que les coalisés s'y installent et menacent Soult qui passait juste en dessous.
Mais malheureusement les dragons de Lannes avaient la veille, arrosé les galons de l'un des leurs, et, le matin, saoul comme des polonais ,ne purent partir à l'heure prévue. Quand enfin ils se mirent en route, toujours ivres ,ils ne pouvaient que marcher au pas et suivre péniblement notre infanterie.

Notre mouvement de cavalerie basée sur une rapidité foudroyante, venait de se transformer en un cortège d'ivrognes qui cherchent les toilettes...pathétique.

Dans le même temps une estafette m'apprit que Bernadotte n'avez pas suivi les ordres et que la peur ou la folie le faisait se cacher derrière l'Empereur. Damned!!...les dieux de la guerre n'étaient pas avec nous.

Au nord le maréchal zucchi semblait ne pas avoir encore de problème.
Pour  Lannes La suite de la bataille a été une calamité, insistant  sans cesse pour prendre cette foutue colline, il perdit la moitié de ses troupes, quand à l'autre moitié, elle se replia sur Pratzen.

Soult au centre , tenait bon, même si les dégâts de l'artillerie ennemie commençaient à user le moral des premières lignes.

Vers 10h, un rapport tomba : "Le général Bernadotte était enfin en route au Sud du plateau. Ou plutôt le Maréchal Pariente avait décidé de prendre   les choses en main. Le brave venait de nous redonner espoir."

-Allez...10h 30 ... nous allons donner un dernier assaut sur Collette.

Lannes qui avait à cœur de se racheter après la bévue de ces dragons pris la tête de ce qui lui restait de Soldats et partit à l'assaut...11h15 il se débandait autour de Colette. Je donnais l'ordre qu'il se repli sur Puntowitz. Bessiére devais le rejoindre pour reformer une arrière garde.

Les rapports tombaient, au nord l'excellent maréchal Zucchi avait fort a faire, mais ces manœuvres astucieuses lui permettait de garder le contrôle de la citation. Murât venait semble t'il d'exécuter sur son ordre une charge des plus destructrice.
Au sud l'héroïque Pariente, soutenu par l'aile droite de Soult bagarrait ferme avec Bagration et lui faisait extrêmement mal. Bernadotte après s'être' évanoui une nouvelle fois, ne put diriger la cavalerie, et dans un soupir leurs donna l'ordre de rentrer à Paris......Bruguiére  était hors de lui.
Selon les rapports.. le Général en chef avait décidé de plonger Bernadotte dans un tonneau de purin et de l'envoyer aux coalisés.

Quand à moi je décidais de décrocher de Pratzen et de me rendre sur Puntowitz, il était 12h00. En forçant un peu nos montures nous pourrions y être pour la collation de 12h30....et nous trouver à l'endroit ou cela promettait de chauffer.
Arrivé sur place, je vis surgir d'un nuage de fumée le général Lannes, son uniforme brulé par endroit ,déchiré à d'autres, la plume de son couvre chef cassé... il avait l'air fatigué. La collation allez être repoussée.
-Alors Jean.. dure journée..n'est il pas?
-Une des plus éprouvante que j'eusse vécu ,Maréchal..
 Nous ne tiendrons pas longtemps..
-Bah.. Bruguiére et Pariente vont percer au Sud c'est sûr, et les russes vont mordre la poussière..

A 13h00 nous repoussons les coalisés une nouvelle fois. Supérieur en nombre, il nous font mal à chaque assaut.
À 14h nos hommes se battaient avec des battons..
à 14h30 la nouvelle tombe, Le général en chef se rend aux coalisés... les combats cessèrent .

Vers 17h00 je rencontrais les Maréchaux Zucchi et Pariente, ils étaient fatigués comme nous tous, mais dans les yeux de Pariente je lisais quelques chose de plus... la colère.

Je l'interrogeais du regard..

- Nous avons était trahi!! Bélliard...les coalisés étaient au courant de notre manœuvre.
  nous étions à deux doigts mon ami, à deux doigts de la victoire.
- Deux doigts de trop...Cher Pariente, nous aurons notre revanche, soyez en sûr mon cousin.

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Re : Austerlitz - La relation
« Réponse #9 le: 14 avril 2009, 00:46:54 am »
Vidéo d'Austerlitz

Les combats de cavalerie vers 10H15 dans la zone du Zurlan et du Santon...

http://www.histwar.fr/dl/videos/HW37_Austerlitz1.wmv


La simulation dans sa totalité présentée avec les symboles OTAN...
Pour rappel :
Bleu: les Français,
Vert: les Russes
Blanc: les Autrichiens.
Les grands drapeaux représentent les 2 chefs d'armée, les petits sont associés aux Etat-majors des Corps.
De plus petits drapeaux présentent les unités placées en défensif.

Infanterie : deux diagonales
Cavalerie : une seule diagonale
Artillerie à pied : un point
Artillerie à cheval : un point associé à une diagonale
Légèrement grisée, l'unité est hors de combat
Une main blanche levée (pas forcément très claire sur la vidéo) montre une unité en ralliement
Une unité avec une croix rouge désigne une unité en fuite.

La vidéo commence par une représentation à base de rectangle -en accord avec les conventions habituelles- Ce modèle va encore un peu évoluer pour la version finale.

http://www.histwar.fr/dl/videos/HW37_Austerlitz2.wmv (*)

L'IA s'est plutôt bien tirée de cette première méga confrontation.
Il y a eu vraiment 3 bugs :
a) le facteur d'échelle non appliqué sur cette carte de près de 190 km².. avec en conséquence une erreur dans les distances de tir; cela dit, après identification, la partie a été reprise à son début;
b) une mauvaise gestion de la fin de l'ordre de replie quand l'unité reçoit un ordre de nouvelle affectation
c) un petit problème sur la reprise d'une partie...
Ces 2 derniers ont légèrement défavorisé le Français.. mais cela n'aurait pas changé le résultat

Cela dit, il reste encore quelques petits ajustements:
a) les unités prisonnières ont tendance à reprendre leur liberté pour revenir se faire capturer.
b) la gestion graphique des prises de canons.


Pour faire le point, bien que cela ne soit pas l'endroit le plus adapté:
a) en finir avec l'IA Grande tactique qui n'a pas encore été activée
b) ajuster la procédure de gestion des figurines permettant, tout en allégeant les calculs, d'obtenir un meilleur comportement physique (accélération, décélération, rotation, détection pour les combats, minimiser les croisements de figurines, permettre une meilleur simulation des combats avec les artilleurs...

Un grand merci à Montebello qui a réalisé les prises d'image de ces 2 vidéos....

(*) Presque 150 Mo... en transfert; disponible mardi 14 avril...