Leonardo,
Quelques petites précisions :
Lorsque j'utilise le terme de "théorique" ce n'est bien sûr pas en tant qu'antonyme de "pratique". Il fallait plutôt lire "en droit" puisque je cite ensuite le texte. Et comme nous le voyons bien souvent encore aujourd'hui, du droit à la pratique, on prend souvent deux routes bien différentes.
S'agissant du côté pratique maintenant, vous avez bien raison de faire mention de l'esprit extrêment pragmatique du soldat français qui s'est forgé à travers les guerres de la Révolution (et ce toutes armes confondues).
Mais vous pourriez également mettre dans l'autre côté de la balance l'indifférence bien connue si ce n'est le dédain dans laquelle ces mêmes armes se tenaient entre elles. Dédain qui avait d'ailleurs été exarcébé par l'Empire, ses fastes uniformologiques et sa propagande militaire qui tendaient à valoriser les fantasques hussards face aux simples "biffins". De Brack consacre d'ailleurs quelques lignes à ce problème et plaide pour qu'unités de fantassins et de cavaliers soient le plus souvent embrigadés ensemble pour tisser des liens indéfectibles entre eux (cf. l'anecdote du 7eme hussard et du 7eme léger si mes souvenirs sont bons).
Toujours à ce sujet, pourriez-vous relire dans l'ouvrage de D. Reichel si l'affirmation suivante est mentionnée : Viallanes, seul chef de cavalerie présent au IIIeme Corps à Auerstadt avait été le seul général à contrevenir aux ordres de Davout et à ne pas coucher avec tous les autres généraux près de Davout la veille de la bataille. Semble-t-il que Viallanes avait préféré un bon toit et un lit un peu moins rugueux qu'une simple litière de paille sous la grange.
C'est malheureusement aussi ce genre de comportement d'indépendance auquel nous assistons souvent à l'époque et qui peut nuire sur un champ de bataille.
Pour en conclure sur la question des fantassins en croupe, ce n'est pas que je refuse absolument l'idée de voir cette technique mise en pratique à Auerstadt, c'est simplement que nul par ailleurs que chez D. Reichel on lit cela. Et c'est cette absence de mention dans d'autres ouvrages, à d'autres époques, dans d'autres batailles qui m'incline à penser qu'elle ne fut certainement pas systématisée.
Il serait donc vraiment intéressant que vous puissiez retrouver les sources que cite D. Reichel.
D'ailleurs, il y a une autre raison qui me fait un peu tiquer : si les belligérants étaient dans le brouillard, pourquoi les voltigeurs auraient-ils eu besoin de monter sur les chevaux. Ils pouvaient s'approcher avec encore moins de danger des batteries (lesquelles d'ailleurs se seraient mis en position dans le brouillard, ce qui est fort étonnant).
Vous comprenez que beaucoup de questions restent ouvertes, et je dirais beaucoup trop.
Quel dommage de ne pouvoir remonter le temps pour découvrir de nos yeux ce qui s'est passé ce jour là.
Enfin, je reste dubitatif sur votre interprétation de la raison de la création des voltigeurs associés aux cavaliers comme devant mener une guerre de partisans sur les arrières dans des actions de type "commandos". Pendant tout l'Empire, ces actions ont été menées par des troupes de cavaliers seules qui se déplaçaient sur de si longues distances que des fantassins entraînés auraient eu du mal à les parcourir. On peut prendre comme exemple Curély (cité par De Brack) mais avant lui un Franceschi (je crois) qui pendant la campagne de 1805 mena un train d'enfer en Autriche-Hongrie sur les bases arrières ennemies.
Il me semble que plutôt que des actes de "petite guerre" sur les bases arrières, Napoléon attendait de ses unités combinées qu'elles agissent dans des actions d'avant-garde et soient aptes à pouvoir se rendre rapidement sur des points stratégiques (ponts, axes routiers, villages, gués...) et à les tenir en attendant l'arrivée du gros de la troupe. C'est l'interprétation que j'en fait (peut-être à tort).