bonjour.
On trouve souvent cette appellation pour faire référence à la période napoléonienne. Mais sachez que cette appellation est anglo-saxonne. Dans les livres d’histoire, on peut voir que chaque alliance visant à combattre Napoléon peut être appelée « coalition ». Les deux premières coalitions, en 1792 et 1795, s’établirent pendant la période révolutionnaire. La troisième coalition est l’alliance de l’Angleterre, de l’Autriche et de la Russie contre la France et elle prit fin après la victoire d’Austerlitz de décembre 1805. Cette volonté de faire peser le poids de la guerre sur les épaules de Napoléon est une idée répandue. Aujourd’hui encore, la plupart de nos historiens, dans les émissions télévisées, laissent penser que Napoléon aurait pu arrêter ses conquêtes et faire la paix.
A Sainte-Hélène, Napoléon disait: « On aura beau retrancher, supprimer, mutiler, il sera difficile de me faire disparaître tout à fait. Un historien français sera obligé d’aborder l’Empire et, s’il a du cœur, il faudra bien qu’il me restitue quelque chose, qu’il me fasse ma part, et sa tâche sera aisée, car les faits parlent, ils brillent comme le soleil. J’ai refermé le gouffre de l’anarchie et débrouillé le chaos. J’ai excité toutes les émulations, récompensé tous les mérites et reculé les limites de la gloire. Sur quoi pourrait-on m’attaquer, qu’un historien ne puisse me défendre? Mon despotisme? Mais il démontrera que la dictature était de toute nécessité. M’accusera-t-on d’avoir trop aimé la guerre? Il montrera que j’ai toujours était attaqué. D’avoir voulu la monarchie universelle? Il fera voir qu’elle ne fut que l’œuvre fortuite des circonstances, que ce furent nos ennemis eux-mêmes qui m’y conduisirent pas à pas. »
Nos historiens manquent de « cœur ». Ils n’expliquent pas les raisons de ces guerres et ils sont de mauvaises foi en prétendant que Napoléon aurait pu à lui seul imposer la paix contre le cours des choses. Ce qu’il faut comprendre de cette période, c’est que, malgré les différents régimes (royauté, république et Empire), la politique extérieure de la France n’a jamais changé. La période s’étendant de Louis XIV à Waterloo est parfois appelée « deuxième guerre de cent ans ». C’est le combat à mort, entre la France et l’Angleterre, qui est la trame de fond de tous ces évènements. Le projet d’invasion de l’Irlande sous Louis XIV a été repris pendant la Révolution Française, de même que le projet de Louis XVI d’envahir l’Égypte a été mis en application en 1798. Chaque phase de cette « première guerre mondiale » n’était qu’une étape jusqu’à la destruction totale de l’ennemi. La perte de nombreuses colonies françaises au Canada et aux Indes, avec le traité de Paris en 1763, ne fut qu’une trêve avant que la France ne reprennent les armes contre l’Angleterre en soutenant la jeune république américaine. La reconstitution de la flotte française sous Louis XVI, effraya l’Angleterre qui vit la Révolution Française comme une aubaine. L’arrivée au pouvoir d’un jeune homme, auréolé de victoires et ayant réussi à battre les meilleures armées d’Europe avec de faibles ressources, fit réfléchir l’Angleterre. Le rétablissement éclair des finances qui, de la quasi banqueroute, était arrivé en à peine deux ans à un budget équilibré, et cela sans requérir à l’emprunt et au papier monnaie qui avaient été discrédités par les régimes précédents. La volonté de reconstruire la marine pour rétablir des liens commerciaux avec les colonies était considérée comme un potentiel danger pour les anglais, sachant que la prépondérance de leur commerce avait été acquise sous la Révolution. La construction d’une flotte de débarquement et la construction du port d’Anvers firent peur à l’Angleterre… « L’arsenal d’Anvers était un pistolet, chargé braqué sur le cœur de l’Angleterre… » Dès lors, tous les moyens étaient bons. Il fallait vaincre ou mourir et l’Angleterre était prête à tout, comme payer des assassins pour tuer le premier consul ou payer les pays pour faire la guerre à la France. Elle offrait des millions de livres sterling pour chaque tranche de 100.000 hommes mise en ligne contre la France.
George III par Sir William Beechey. C'est bizarre, on ne parle jamais de ce roi d'Angleterre...
Napoléon d’ailleurs dans sa proclamation, la veille de la bataille d’Austerlitz, disait à ses soldats: « Soldats, je commanderai moi-même chacun de vos bataillons et je me tiendrai loin du feu, si avec votre courage et votre bravoure accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis. Mais si la victoire devenait un moment incertaine, vous verriez votre Empereur s’exposer au premier coup car l’on ne saurait hésiter dans cette journée où il importe tant au bonheur du peuple français, … que chacun d’entre vous soit bien pénétré de cette idée, qu’il faut vaincre ces stipendiés de l’Angleterre qui sont voués d’une telle haine contre notre nation ».
Nos historiens ne parlent jamais des agressions anglaises qui ont pesé sur certains pays pour les convaincre à déclarer la guerre à la France. Le Danemark, pays neutre, a vu sa capitale Copenhague se faire bombarder sans déclaration de guerre en 1801 et en 1807 puis sa flotte de guerre fut capturée. En décembre 1804, quatre frégates espagnoles de l’amiral Bustamente, revenant d’Amérique chargées d’or et d’argent, furent attaquées sans déclaration de guerre; résultat: une frégate fut coulée et trois prises! Les bateaux américains neutres étaient systématiquement visités quand ils arrivaient en Europe et cela, sans respecter le pavillon américain. Les anglais pratiquaient « la presse », c’est à dire qu’ils enrôlaient de force toutes personnes qui parlaient anglais sous prétexte que c’était des déserteurs, or le plus souvent, ils étaient américains. L’Angleterre obligeait tous les bateaux voulant commercer à passer par les ports anglais et les obligeait à payer une licence. Devant ses agressions répétées, la jeune république américaine dût déclarer la guerre à l’Angleterre en 1812.
Nos historiens ne parlent jamais de la mauvaise foi des ennemis de Napoléon, à une époque où la parole d’honneur et où les traités étaient considérés comme sacrés. Napoléon, après la bataille de Marengo en 1800, laissa rentrer en Autriche l’armée du général Melas qui avait juré de ne pas reprendre les armes contre la France avant la paix. Les anglais et les autres ennemis de Napoléon, eux, ne se sont pas gênés pour manquer à leur parole. A la fin de l’expédition d’Égypte en 1800, après avoir exécuté leur partie de la convention d’El Arish et avoir abandonné certaines villes, les français apprirent que les anglais étaient revenus sur leur décision et n’avaient rien restituer. A Bailèn en 1808, après avoir signé une convention qui prévoyait le retour en France des troupes françaises encerclées à cette bataille, les espagnols revinrent sur leur parole et sur le traité et envoyèrent les prisonniers mourir sur l’île de Cabrera dans les Baléares et sur des pontons à Cadix. A Dresde en 1813, une unité française accepta de rendre la ville en échange de son retour en France, mais la convention fut bafouée et les troupes napoléoniennes furent emmenées, prisonnières en Russie. Dans ces exemples, il est clair que si les généraux français avaient su ce qui allait se passer, ils auraient combattu jusqu’au bout.
Mais la mauvaise foi était aussi dans les alliances, par exemple le cas de l’Autriche qui avait déclaré la guerre à la France en 1792, 1796, 1801, 1805, et 1809. Après Wagram, leur empereur François 1er vint implorer Napoléon de ne pas séparer l’Empire autrichien en créant des royaumes secondaires, jurant de ne plus jamais faire la guerre à la France, mariant sa fille Marie-Louise à Napoléon. L’Autriche fit la campagne de Russie auprès des français et elle gagna sur les russes la bataille de Gorodeczno, mais à peine la campagne de Russie finie, les généraux autrichiens s’entendirent avec les généraux russes pour mettre dans l’embarras les français et les polonais. Du coup, l’Autriche, l’allié de la France, se déclara neutre. Puis menaçant la France, elle passa dans le camp adverse en quelques jours. Et en 1813, elle déclara de nouveau la guerre à la France. Les anciens alliés allemands de la France, qui devaient tout à Napoléon comme la Bavière qui fut élevée en royaume, la Saxe et le Wurtemberg, changèrent de camp au milieu même des combats dès qu’ils sentirent le vent tourné. Ces pays prétextant que Napoléon leur demandait des effectifs élevés pour faire la guerre, n’hésitèrent pas à mettre à la disposition des alliés des effectifs encore plus élevés.
Côté économie, l’Angleterre, qui avait profité de la peur causée par la Révolution Française, devint la première place financière d’Europe. Les fonds qui étaient dans les places financières de Paris, Gênes, Amsterdam, Genève, se réfugièrent à Londres au fur et à mesure que les armées de la révolution avançaient dans ces pays. Elle mit main basse sur de nombreuses colonies hollandaises et françaises et augmenta considérablement son commerce maritime en quasi position de monopole. Elle put donc s’endetter jusqu’à 250% de son PIB. Napoléon, qui avait un budget équilibré sans dette, pensait qu’il suffisait de faire un dernier effort pour vaincre cette nation endettée. Il décréta, en novembre 1806, le blocus continental en réponse au blocus maritime de l’Angleterre du 16 mai 1806, et une escalade commença pour obliger ses alliés à combattre le commerce de l’autre.
Une fois Napoléon vaincu à la bataille de Waterloo en 1815, les vainqueurs se rassemblèrent en congrès à Vienne et se partagèrent l’Europe. L’Angleterre parvint à ce que la France ne discute pas de la libre circulation des mers et des règles du commerce maritime. La Prusse, la Russie et l’Autriche se soucièrent peu du commerce car n’étant pas des nations maritimes. Toutes les autres nations maritimes comme la France, l’Espagne et la Hollande perdirent une grande partie de leurs colonies et de leur commerce. Depuis, la France qui avait brillé dans le domaine des arts, de la littérature, de la culture, du commerce de Louis XIV à Napoléon, fut reléguée dans un rôle secondaire. Et l’Angleterre, qui sut tirer profit du sang de ses alliés, se tailla la part du lion. La victoire de Waterloo ouvrit une ère de prospérité pour l’Angleterre.
Et comme c’est toujours, le vainqueur qui écrit l’histoire, voilà donc pourquoi on parle de « Guerres de Napoléon ».
François Lelouard, Reporter France du Carré Impérial
le lien ci-dessous.
http://www.carreimperial.fr/lappella...t-elle-exacte/salutations grognards